De nombreux hommes politiques libanais portent peut-être dans leur ADN le gène de la soumission qui les pousse à se plier devant les étrangers et leurs desiderata.

Certains avaient collaboré avec les Ottomans, lorsque ces derniers étaient une force d’occupation et d’autres avaient coopéré avec le mandat français, sans oublier les pro-Abdel Nasser, les pro-Assad et les pro-Abou Ammar (Yasser Arafet). Les exemples sont légion au point de faire rougir.

D’aucuns vont jusqu’à faire la carpette devant l’étranger. À ce titre, ils ne ménagent aucun effort pour développer leurs relations avec des employés d’ambassades dans l’espoir d’obtenir un poste déterminé. À l’ère des axes, certains croient pouvoir satisfaire les États-Unis et l’Iran à la fois, tout en se positionnant entre les deux pays. La saga des politiciens libanais en termes de corruption n’a rien à envier à celle de leurs homologues dans certains pays africains ou d’Amérique latine. Leurs petitesses rappellent d’ailleurs certains films qui raillent les dictateurs.

Dernièrement, Le FMI a rejoint la liste des entités extérieures devant lesquelles les responsables libanais perdent leurs moyens. Ils courent derrière le FMI, voire s’étalent devant lui pour le contenter. Dans le même ordre d’idées, les responsables, à commencer par le président de la République dont le mandat est sur le point de s’achever, s’efforcent de donner le sentiment que cette institution internationale est satisfaite de leurs décisions.

Les pourfendeurs du projet de budget, aux dispositions catastrophiques, prétextent que ce document répond aux exigences du FMI. Mais qu’est-ce que ce dernier peut nous proposer? À quel prix? Va-t-il nous donner plus que ce que nous avons déjà?

Le redressement au pays a besoin d’une décision politique claire pour assurer en priorité la stabilité. Cela commence impérativement avec le Hezbollah qui doit renoncer à l’action militaire et se limiter à la politique, ainsi qu’avec la formation d’un gouvernement dont l’action sera menée à l’abri des agendas politiques privés, sur base d’un plan étudié, rationnel et applicable, qui fera appel aux compétences libanaises à l’étranger. Le reste sera plus facile à réaliser, parce qu’une fois la confiance restaurée, tout deviendra possible. Les secteurs économiques en difficulté pourront être redressés, à commencer par celui de l’électricité, à travers un partenariat entre les secteurs public et privé. Il s’agit d’un processus simple et réalisable pour peu que la classe politique décide d’édifier un État à la place des pré-carrés sectaires actuels.

Les députés qui courent derrière le FMI, comme s’ils le consacraient nouveau tuteur d’un pays qui a eu son lot de tutelle et d’occupation, et s’apprêtent à adopter le budget d’une année qui tire à sa fin et qui manque de vision économique, se doivent de se ressaisir. Qu’ils profitent des richesses et des biens dont le pays dispose dans la perspective d’un redressement parce que le FMI ne réalisera aucun miracle. On n’administre pas à un cancéreux des médicaments qui accentuent sa douleur alors qu’il a besoin d’un traitement pour la soulager.

Le traitement qui doit être administré à l’économie libanaise est d’ordre interne. Il commence, sur base d’une volonté politique, au niveau même des administrations exsangues. Si cette volonté existe, le pays pourra se remettre sur pied. Tant qu’elle fait défaut, nous n’aurons qu’à acclamer les délégations successives du FMI et à leur aménager des bureaux à Anjar….