Le bilan du drame de l’embarcation battant pavillon libanais ayant fait naufrage au large de Tartous (entre Tartous et Banyas), en Syrie s’alourdit: plus de 87 victimes. 

Le Croissant-Rouge syrien a remis à la Croix-Rouge libanaise, vendredi en début de soirée, les corps de neuf victimes – sept Libanais et deux Palestiniens – du naufrage, jeudi, de l’embarcation au large de Tartous (non loin de Banyas), en Syrie, à proximité de la frontière nord avec le Liban. Vendredi soir, le bilan de ce naufrage s’est alourdi: 87 victimes, selon le ministre sortant des Transports, Ali Hamiyé, qui avait signalé par ailleurs que les 20 survivants recevaient toujours les soins nécessaires à l’hôpital Bassel à Tartous. M. Hamiyé a également précisé que la majorité des passagers étaient sans papiers.

Tentant de fuir, à n’importe quel prix, la misère dans laquelle ils s’enlisent au fil des jours, de nombreux Libanais, mais aussi des Palestiniens et des Syriens, ont pris la mer à bord d’embarcations de fortune, sans être sûrs qu’ils arriveront à destination. Tel était le cas des passagers de cette embarcation partie mardi du port de Tripoli, et qui a chaviré au large de l’île d’Arwad à Tartous.

Parmi les victimes, Moustapha Misto et sa fille Dounia, qui ont été inhumés vendredi soir à Bab el-Ramel, à Tripoli, l’enfant Ammar Tellaoui qui sera enterré dans son village natal Qarqaf, au Akkar. Le village avait d’ailleurs fait jeudi matin son adieu à May et Maya Tellaoui, deux fillettes noyées dans le naufrage. Au nombre des victimes également Rayan Sayyed Ali et son frère Ismat, Kamal et Samih Diab dont l’enterrement aura lieu à la mosquée Hamza à Qobbé, à Tripoli. Les Palestiniens, Abdelaal Omar Abdelaal et Rawad Sayyed, qui seront inhumés dans le camp des réfugiés de Nahr el-Bared. Selon des informations, le plus grand nombre des naufragés sont des habitants de ce camp.

Depuis jeudi après-midi, les opérations de secours à la recherche des rescapés se poursuivaient. "Nous avons affaire à l’une de nos plus grandes opérations de sauvetage", a déclaré à cet égard à l’AFP un responsable du ministère syrien des Transports, Sleiman Khalil. "Nous couvrons une vaste zone qui s’étend sur toute la côte syrienne", a-t-il ajouté, affirmant que de hautes vagues compliquaient les opérations de secours. Selon le ministre de la Santé syrien, la marine russe a participé aux opérations de sauvetage. Un responsable médical à Tartous, Ahmad Ammar, a quant à lui souligné que "des proches de victimes sont venus du Liban (…) pour y identifier les morts".

Commentant le drame, le ministre sortant de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui, a noté que "des réseaux organisés de passeurs se trouvaient derrière ces voyages clandestins". "L’armée a déjà arrêté plusieurs d’entre eux", a-t-il poursuivi dans une déclaration à la chaîne panarabe al-Arabiya. Il a assuré que des efforts sont déployés pour "améliorer les conditions de vie des réfugiés". Et M. Maoulaoui d’affirmer que "deux autres embarcations de fortune ont été repérées au large des côtes libanaises".

Rappelons que ce sont les médias syriens qui ont annoncé le drame, lorsque des corps sans vie ont été découverts par des pêcheurs non loin du littoral syrien. Le nombre de passagers n’a pas encore été déterminé, mais ils seraient plus de 120 selon M. Hamiyé, qui avait en outre souligné, lors d’une intervention sur la chaîne al-Jazeera, que l’embarcation est faite de bois et qu’elle était rentrée au Liban il y a deux mois.

Réagissant au naufrage, le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, a réitéré son appel à l’élection d’un président de sauvetage qui, seul, pourrait tirer le Liban de cette série infernale de tragédies et crises qui le frappent. "Nous sommes fatigués, comme le sont les Libanais, des déclarations de solidarité et de condoléances à chaque tragédie qui nous frappe", a-t-il écrit sur son compte Twitter.

"Il est impératif que nous élisions rapidement un président capable de relever les défis pour sauver les Libanais de cette série de morts, de désespoir et de dévastation que nous vivons actuellement", a conclu M. Geagea.