Dans certains cercles médiatiques proches d’alliés du Hezbollah, on raconte que les services de sécurité libanais sont parvenus à démasquer la collaboration du fils d’un haut responsable de la formation pro-iranienne avec le Mossad (service de renseignement israélien).

Cet homme fait actuellement l’objet d’une enquête, indique-t-on dans ces mêmes milieux où l’on ignore cependant si cette enquête est menée par le service des renseignements des Forces de sécurité intérieure, qui a découvert l’affaire, ou par le Hezbollah.

C’est que l’affaire est délicate, à un double niveau, ce qui explique le fait qu’elle n’ait pas été ébruitée. D’abord parce qu’elle confirme que le Hezbollah est infiltré par les Israéliens, ensuite parce que l’agent mis en cause est le fils d’un cadre supérieur de cette formation.

On savait que le Hezbollah était infiltré, mais ce serait bien la première fois que la collaboration, si elle se confirme, atteint de si hautes sphères. En attendant, le père de l’agent présumé poursuit ses activités normalement et continue de faire la une de l’actualité. Sa dernière action publique remonte au week-end dernier. Il est intervenu à plusieurs reprises au sujet des États-Unis et d’Israël et de la résistance menée par le Hezbollah contre eux, ou encore au sujet du rôle de sa formation au niveau de la défense des intérêts du Liban, notamment de ses ressources pétrolières et gazières maritimes.

De l’avis d’un haut responsable de sécurité qui a œuvré à un moment donné au sein du service des renseignements des FSI, le Hezbollah est aujourd’hui plus que jamais la cible d’infiltrations israéliennes. Celles-ci, a-t-il analysé à l’intention d’Ici Beyrouth, s’inscrivent dans le prolongement de celles menées par Israël en Iran, pays avec lequel le Hezbollah entretient des relations étroites et où le Mossad "agit en toute aisance, sans rencontrer le moindre obstacle".

Poursuivant son analyse, il souligne que "si l’infiltration a atteint de si hautes sphères du parti, voire même le pouvoir central, cela signifie que les infiltrations au niveau des organes subsidiaires doivent être encore plus importantes".

L’ancien responsable sécuritaire a rappelé dans ce contexte que les services de renseignements des FSI avaient réussi depuis quelques années à démanteler une cellule du Mossad qui était parvenue à infiltrer le cercle proche du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Et d’ajouter: "Trois membres de cette cellule avaient été arrêtés à l’époque, tous membres actifs du Hezbollah. Ils avaient été remis à cette formation qui s’était contentée de confirmer par la suite qu’ils étaient des agents doubles qui travaillaient simultanément pour le compte d’Israël et du Hezbollah. Mais leur réponse ne nous avait pas dupés. Nous leur avons fait savoir que nous savions que les trois agents doubles avaient été exécutés et que les services de renseignements libanais avaient localisé le lieu de ces exécutions". L’ancien responsable sécuritaire, retraité depuis un moment, a souligné le caractère primordial du rôle assumé par les renseignements des FSI.

Quoi qu’il en soit, il serait intéressant de relever que les informations relayées récemment par des médias pro-Hezbollah sur la présence de réseaux d’espionnage israéliens au Liban auraient pu être destinées à détourner l’attention du niveau d’infiltration du Mossad au sein du Hezbollah.