Le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, candidat non déclaré à la présidentielle, a mis en garde contre un vide au niveau de l’Exécutif.

Le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil a lancé le programme souhaité par son parti pour le prochain chef de l’État, baptisé "document des priorités présidentielles". "Nous abordons la présidentielle sous l’angle des dossiers et des programmes et non des qualités des candidats, indépendamment de la question des prérogatives du prochain président de la République", a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse au siège de son parti jeudi, sachant qu’il suffit de jeter un regard sur les six dernières années pour évaluer à leur juste valeur les "programmes" et les "dossiers" gérés par le CPL et le camp présidentiel en général.

"Notre choix d’appuyer un président relève de son degré d’engagement en faveur de nos aspirations présidentielles", a affirmé celui qui avait déclaré en juillet dernier vouloir être soit président, soit faiseur président, et qui semble avoir opté pour cette dernière option, après avoir réalisé qu’il n’a aucune chance d’accéder à la tête de l’État.

Cherchant à se positionner au-delà des candidatures, alors qu’il est le seul à disqualifier dans ses discours tous les candidats potentiels à la présidentielle, Gebran Bassil a précisé que " le CPL aborde l’échéance à partir de sa conception de la Constitution et du rôle du président et de sa place, à l’heure où les autres forces politiques cherchent à se surpasser les unes les autres dans la définition des qualités du prochain chef de l’État". Une pique notamment adressée à ses détracteurs qui insistent sur l’élection d’un candidat à l’antipode de tout ce représente le président actuel Michel Aoun, fondateur du CPL.

Le gendre de Michel Aoun a valorisé le rôle du président-symbole, ce que son beau-père fait aussi quand cela lui convient en politique, préférant à d’autres occasions invoquer les prérogatives présidentielles pour prendre part aux bras-de-fer politiques en faveur de son parti. "Le président de la République préside l’État et il est le symbole de l’unité du pays. Il veille au respect de la Constitution et il est le seul à prêter serment. Il est donc appelé à définir ses positions sur les affaires nationales indépendamment des limites de ses prérogatives", a soutenu M. Bassil, expliquant ainsi d’une manière approximative ce qu’est un président-symbole.

Il a en même temps laissé entendre que le pays se dirige vers un vide institutionnel au niveau de l’Exécutif, alors qu’il s’emploie à bloquer systématiquement toute avancée dans la formation d’un nouveau gouvernement, à coups de conditions rédhibitoires dont le seul but est d’asseoir son pouvoir au sein de l’État. "Il y a un problème au niveau de l’élection d’un nouveau président et de la formation d’un nouveau cabinet, au vu de signaux peu encourageants présageant d’un vide", a-t-il affirmé, s’efforçant de jeter sur les autres, en l’occurrence le Premier ministre désigné Najib Mikati, la responsabilité du blocage au niveau de la mise en place d’un gouvernement.

Parmi ces signaux peu encourageants, selon lui, la convocation par le président de la Chambre à une nouvelle séance électorale à une date qui coïncide avec la commémoration du 13 octobre 1990, date à laquelle Michel Aoun, qui dirigeait à l’époque un gouvernement de transition, avait été délogé par les forces syriennes du palais de Baabda. Il a estimé que la convocation à une séance électorale le 13 octobre prochain "dénote un mépris pour les sentiments des gens et des martyrs du 13 octobre (1990)". L’offensive syrienne contre Michel Aoun avait poussé ce dernier à se réfugier rapidement à l’ambassade de France, sans sa famille et sans en informer les soldats libanais qui continuaient de se battre courageusement sur le front de Souk el-Gharb notamment, pour empêcher l’avancée des soldats syriens vers Baabda, ignorant que leur commandement avait capitulé.

Gebran Bassil a réitéré en outre son appel à un dialogue autour de la présidentielle sous l’égide du patriarche maronite ou d’une autre autorité, "pour faire contrepoids aux ingérences extérieures", en allusion au forcing franco-saoudo-américain en faveur de l’élection d’un nouveau chef de l’État dans les délais. Un dialogue qu’il ambitionne d’entamer autour du programme en sept points qu’il propose et qu’il a dit vouloir soumettre incessamment au patriarche maronite Béchara Raï.

Outre une série de réformes au niveau des finances publiques que Gebran Bassil a proposées comme s’il était issu des rangs de l’opposition, il a défendu la "représentativité du prochain président (au niveau chrétien) comme condition essentielle à son élection de manière à respecter le Pacte national et à sauvegarder le rôle du chef de l’État". Il a plaidé enfin pour "une loi électorale garante de la parité effective, qui permette la représentation des émigrés" dans des circonscriptions distinctes. Insister sur une "parité effective" peut sembler comme une pique lancée au Hezbollah, son allié indéfectible, favorable sans le déclarer à la répartition par tiers (sunnite, chiite et chrétienne au lieu d’islamo-chrétienne). Cette allusion pourrait se justifier par une manœuvre consistant à ménager la chèvre et le chou en prévision de la présidentielle. Il n’en demeure pas moins qu’il a également plaidé pour un dialogue autour d’une stratégie nationale de défense sur base de laquelle les forces régulières auraient, seules, a-t-il dit, le monopole des armes.

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