Le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil a estimé que le fait d’avoir fixé au 13 octobre la date de la séance parlementaire pour l’élection d’un président de la République dénote d’un "mépris total pour les sentiments des gens et des familles des martyrs du 13 octobre 1990".

Le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil a déclaré lundi que son groupe parlementaire pourrait boycotter la séance pour l’élection du président de la République, fixée au jeudi 13 octobre, estimant que le choix de cette date dénote d’un "mépris pour les sentiments des gens et des familles des martyrs du 13 octobre 1990" . A cette date, Michel Aoun, qui présidait un cabinet de transition, avait été délogé du palais de Baabda par les forces syriennes. Pour le chef du CPL, le choix de cette date est un "fait exprès pour qu’il y ait défaut de quorum". "Même si le quorum est assuré, cette séance ne sera pas décisive", a-t-il ajouté, dans une interview accordée à la chaîne LBCI.

M. Bassil a estimé que le Hezbollah "n’est pas pressé d’élire un président de la République". Cela s’applique également aux "autres parties". "Nous craignons le vide présidentiel, car si nous nous engageons sur cette voie, certaines parties chercheront à le prolonger, alors que notre situation économique et financière ne le permet pas", a-t-il poursuivi, soulignant qu’à ce jour, "nous n’avons pas encore décelé une approche sérieuse" à cet égard. "Nous avons le devoir d’entamer le dialogue avec les autres parties, puisque nous sommes le groupe parlementaire le plus grand", a-t-il encore insisté.

Le chef du CPL, qui a présenté jeudi dernier son "document des priorités présidentielles", a expliqué que celui-ci constitue "une base pour les discussions". Il a dans ce cadre annoncé qu’il présentera mardi ce document au chef de l’État Michel Aoun, et au patriarche maronite Béchara Raï, avec qui "la relation n’a jamais atteint le point de rupture". "Notre initiative a pour objectif d’assurer l’appui le plus important à un candidat" à la présidentielle, a-t-il insisté.

"Le changement"

Démentant les informations selon lesquelles il aurait rencontré l’ancien ministre de l’Intérieur Ziyad Baroud, pour discuter de la présidentielle, Gebran Bassil a souligné que "le problème ne se pose pas en termes de partage du gâteau, en dépit du fait que notre priorité est de respecter un réel partenariat et un équilibre national". "Il ne suffit pas que les trois pôles du pouvoir s’entendent, s’ils n’ont pas une représentativité populaire adéquate, a-t-il encore martelé. L’esprit du pacte est à la base des fondements du pouvoir, mais il ne faut pas qu’il soit exploité dans les décisions ordinaires."

L’ancien ministre a affirmé en outre qu’au cours des six dernières années, le Courant patriotique libre "n’a pas gouverné", en présence d’une classe dirigeante qui gérait le pays. "Nous représentons le changement, a-t-il encore insisté. Le changement n’est pas une option conjoncturelle qui s’achève lorsque le versement de fonds cessera".

Un gouvernement en bonne et due forme

Sur le dossier gouvernemental, M. Bassil a affirmé que la partie qui entrave la formation du gouvernement est celle qui veut le faire de "manière unilatérale". "Le président (Michel) Aoun veut qu’à la fin de son mandat, un gouvernement en bonne et due forme soit formé, ce que le Premier ministre désigné (Najib Mikati) a refusé", a-t-il déploré.

Interrogé sur le dossier de la délimitation des frontières maritimes, M. Bassil a signalé que "le Liban a obtenu ce qu’il voulait y compris la totalité du champ gazier de Cana, ainsi qu’une garantie politique écrite", notant que le Hezbollah a consacré l’équation: "Pas de gaz de Karish sans gaz de Cana."

"Ce sont des facteurs intérieurs israéliens qui retardent la conclusion de l’accord, lequel devrait être avalisé prochainement", a constaté le chef du CPL, affirmant qu’"à défaut d’accord, ce sera la guerre". Il s’est enfin déclaré favorable à "l’équation qui stipule qu’au cas où Israël entame l’extraction du gaz de Karish (avant la signature de l’accord), le Hezbollah devrait déclarer la guerre". "C’est cette équation qui a protégé le Liban", a-t-il conclu.