Amnesty International a appelé vendredi les autorités libanaises à revenir sur leur décision d’organiser des " retours volontaires " de réfugiés syriens, qui doivent reprendre la semaine prochaine selon Beyrouth. Le directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, a indiqué jeudi qu’une opération de rapatriement prévue la semaine prochaine concernerait 1.600 personnes. Il a ajouté que les autorités libanaises attendaient toujours le feu vert de Damas; qui pourrait donc refuser d’accueillir ses propres citoyens. Mercredi, c’était le président de la République Michel Aoun qui annonçait que " le retour des déplacés syriens dans leur pays " commencerait la semaine prochaine.

" Les autorités libanaises intensifient les soi-disant retours volontaires (…), alors qu’il est clair que les réfugiés syriens au Liban ne sont pas en mesure de prendre une décision en toute liberté " à cet égard, estime Diana Semaan, directrice adjointe par intérim d’Amnesty pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. " En facilitant ces retours, les autorités libanaises exposent sciemment les réfugiés syriens au risque de subir des abus et des persécutions odieuses à leur retour en Syrie ", prévient-elle.

" Le Liban devrait respecter ses obligations en vertu du droit international et mettre fin à ses plans de retour en masse des réfugiés syriens ", souligne Amnesty International dans son communiqué. Amnesty et d’autres ONG, dont Human Rights Watch, ont déjà mis en garde par le passé contre l’expulsion des réfugiés vers la Syrie, où les autorités ont, selon elles, arrêté, torturé ou fait disparaître des Syriens rentrés au pays.

Le Liban dit accueillir plus de 1,5 million de réfugiés syriens, soit le plus grand nombre de réfugiés par habitant au monde, dont plus de 830.000 inscrits auprès de l’ONU. Le général Ibrahim avait indiqué que le Liban compte 2.080.000 Syriens, dont des réfugiés, sans plus de précisions. Le Liban a historiquement un flux migratoire de travailleurs syriens légaux, qui s’est accentué depuis le début de la guerre en Syrie en 2011.

Le Liban traverse depuis 2019 une crise politico-économique sans précédent. Cette crise, accentuée par le Covid-19, a brusquement plongé de nombreux Libanais dans la pauvreté, exacerbant le ressentiment de la population à l’égard des réfugiés syriens dans le pays. Le retour du choléra au Liban depuis début octobre, détecté dans des camps de réfugiés syriens dans le Akkar alors que la Syrie est en proie à une épidémie, accentue les tensions envers la communauté syrienne.

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Les autorités libanaises avaient déjà organisé depuis 2017 des opérations de " rapatriement volontaire " qui ont permis le retour d’environ 400.000 personnes, sur la base de listes nominatives soumises au régime syrien à l’avance. Mais des ONG estiment que le chiffre serait moins élevé et dénoncent des " retours forcés ".