La ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a appelé vendredi la classe politique libanaise à "respecter les échéances constitutionnelles" et à élire un nouveau chef de l’État dans les plus brefs délais. Cela, alors que la seconde séance parlementaire pour l’élection d’un président a été levée jeudi faute de quorum.

"Nous ne sommes plus en 2014. Le Liban ne peut plus se permettre une vacance du pouvoir. L’État doit fonctionner", a martelé Mme Colonna, lors d’une conférence de presse tenue à l’aéroport de Beyrouth au terme de sa visite au Liban. Arrivée jeudi soir à Beyrouth, la cheffe de la diplomatie française a été reçue par les trois pôles du pouvoir. Elle a également rencontré des jeunes volontaires de la Croix-Rouge libanaise.

Mme Colonna a aussi souligné la nécessité d’accélérer la formation d’un gouvernement "capable d’agir dans l’intérêt général". Pour la ministre, le futur président de la République doit " fédérer le peuple, travailler avec les acteurs régionaux et internationaux pour surmonter la crise et garantir la souveraineté et la stabilité du Liban ". " Ce président doit être choisi par les Libanais, et par eux seuls, a-t-elle insisté.

Concernant l’accord sur la délimitation de la frontière maritime entre Israël et le Liban, Mme Colonna a salué un accord "historique", qui "montre que les dirigeants libanais sont capables de prendre des décisions pour le bien commun". Elle a exprimé son espoir que le document soit ratifié, puis enregistré dans les plus brefs délais auprès des Nations unies, afin que les entreprises concernées, dont celle française Total, puissent entamer les travaux d’exploration et éventuellement d’exploitation. La locataire du Quai d’Orsay a toutefois mis en garde les dirigeants libanais contre le fait de considérer cette potentielle manne financière comme une "substitution aux réformes économiques et financières".

Sur le dossier des réfugiés syriens, Mme Colonna a estimé que "la clef réside dans l’amélioration de la situation intérieure en Syrie", de nombreux réfugiés étant empêchés de rentrer, en raison de la situation "difficile ou dangereuse". Elle a réitéré le soutien de la France et de l’Union européenne au Liban pour accueillir ces réfugiés, en coordination avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.  Mercredi, le chef de l’État libanais Michel Aoun avait annoncé que le Liban allait commencer à rapatrier "par groupes" les réfugiés syriens, tandis que le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, avait déclaré que le premier groupe de réfugiés qui seront rapatriés comprendra 1.600 personnes.

Pressant les dirigeants libanais à mettre en œuvre les réformes, Mme Colonna s’est déclarée optimiste quant à l’avenir du pays, s’il parvient à rétablir la confiance de la communauté internationale et des investisseurs. "Le Liban est à bout de souffle et la gravité de la crise est sans précédent, a averti Mme Colonna. Sans sursaut, l’effondrement se poursuivra."

Saluant le travail remarquable de la société civile, notamment de la Croix-Rouge libanaise, elle a conclu: "C’est aux côtés de ces Libanais que la France se tient aujourd’hui, en discours et moyens."