Le chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, a dénoncé l’attitude des 22 députés qui ont " gaspillé leurs votes " lors de la séance électorale de jeudi matin, considérant qu’ils " sont responsables, même partiellement " du vide présidentiel qui se rapproche dangereusement. M. Geagea a déploré le fait que ces députés " ne souhaitent pas s’entendre sur un candidat commun ", ce qui les rend indirectement complices du Hezbollah. Par ailleurs, M.Geagea a accusé l’axe de la Moumanaa (Hezbollah et ses alliés) de " préférer le vide présidentiel " à l’élection d’un successeur à Michel Aoun, parce qu’ils " n’arrivent pas à s’entendre sur un candidat commun ".

À 11h, jeudi, la Chambre s’était réunie pour élire un président de la République. Comme pour les deux séances électorales précédentes, le quorum a fait défaut. Au premier tour du scrutin, le député souverainiste Michel Moawad a obtenu 42 voix, tandis que 21 députés ont préféré faire annuler leur voix et qu’un député a voté pour une personnalité inconnue du grand public

Au cours du journal télévisé de 20h de la MTV, le chef des FL a affirmé que son parti a déployé tous les efforts possibles les deux derniers mois pour tenter de trouver un candidat commun aux différentes composantes de l’opposition souverainiste, mais sans résultat. " Ils veulent que l’on choisisse uniquement entre les trois candidats qu’ils proposent ", a affirmé Samir Geagea dans une allusion claire à l’initiative présidentielle des 13 députés du " Changement ". Et d’ajouter : " Nous leur avons proposé que chaque groupe de l’opposition propose également trois candidats pour que l’on puisse tous ensemble s’entendre sur un candidat qui rassemblerait le plus d’appui, mais ils ont toujours refusé. "

Samir Geagea a assuré qu’un président pouvait être élu si ces 22 députés acceptaient de s’entendre avec les autres groupes de l’opposition. " Michel Moawad devait obtenir 44 voix aujourd’hui (jeudi), et que ces 22 voix en plus auraient rendu plus compliqué la tâche de ceux qui empêchent le deuxième tour ", a-t-il souligné dans une allusion très claire à l’axe de la Moumanaa, professionnels du blocage institutionnel depuis au moins 2006.

Le chef des FL s’en est également pris au Courant patriotique libre (CPL), se demandant comment  " est-il possible de parvenir à un consensus à partir de rien ", dans une allusion aux appels du parti aouniste et ses alliés à un candidat consensuel. Et d’ajouter : " Celui qui veut réellement parvenir à un consensus doit prendre contact avec toutes les forces politiques trois ou quatre mois avant l’élection présidentielle pour les informer de ce qu’ils veulent " dans une critique à l’initiative présidentielle du chef du CPL et gendre du président Michel Aoun, Gebran Bassil, qui a entamé lundi, soit 14 jours avant la fin du mandat, avec d’autres députés de son groupe une tournée des différents blocs parlementaires pour discuter de la présidentielle.

Samir Geagea a souligné que ceux qui peuvent sauver le pays d’un vide sont ces 22 députés, précisant que les FL restent  " ouverts à toutes les solutions ". Et de conclure : " Malgré tout, nous continuerons nos réunions et nos contacts avec les 22 députés avant la session de lundi, parce que c’est le seul moyen.  "

Riachi à Clemenceau

En parallèle, Samir Geagea a chargé l’un des députés de son bloc parlementaire, l’ancien ministre Melhem Riachi, de discuter avec le chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt  de la présidentielle. M. Riachi a été reçu par le leader druze, en présence des députés Waël Abou Faour, Akram Chehayeb et Ragy Saad.