Dans l’incapacité de hisser à la tête de l’Etat un candidat qui corresponde à ses vœux, le Hezbollah reprend son refrain habituel, celui d’accuser ses adversaires de bloquer la présidentielle. Pourtant, ce sont bien ses députés et ceux de ses alliés qui provoquent les défauts de quorum à chaque réunion parlementaire convoquée pour élire un successeur à Michel Aoun.

Par la voix de cheikh Nabil Kaouk, membre de son conseil exécutif, le Hezbollah a ainsi accusé dimanche matin les ambassades des Etats-Unis et de l’Arabie Saoudite d’entraver l’élection présidentielle.

" L’ambassade saoudienne au Liban s’immisce dans cette échéance tout comme elle s’était mêlée des élections parlementaires, mais cette fois directement et sans intermédiaire ", a-t-il déclaré. Pour essayer de donner du crédit à ses propos, il a indiqué que " certains députés se plaignent d’être soumis à des pressions des ambassades américaine et saoudienne ", ce qui représente à ses yeux " une insulte à la souveraineté et à la dignité libanaises. "

Cheikh Kaouk ne semble pas ainsi admettre que de nombreux députés, comme une grande partie des Libanais, rejettent farouchement le style de gouvernance et la politique que son camp a imposés au Liban, l’enfonçant dans une crise inédite, l’isolant totalement sur le plan international et plongeant ses institutions dans une décrépitude sans précédent.

Cheikh Kaouk a de nouveau plaidé pour " un consensus national permettant d’élire un président de la République qui parviendra à faire sortir le pays de ses crises, et à protéger l’unité nationale. "

Le député Hassan Fadlallah avait clairement fourni l’explication que donne son parti, le Hezbollah, du consensus, lorsqu’il avait plaidé à partir du Parlement, jeudi dernier, pour une réédition du compromis de 2016 qui avait permis l’accession de son allié, Michel Aoun, fondateur du CPL, à la tête l’Etat. Or c’est justement cette réédition d’une expérience ratée à tous les plans qu’un nombre important de députés et de Libanais rejette.