À l’initiative du Conseil national pour la levée de l’occupation iranienne au Liban, fondé par l’ancien député Farès Souhaid, une conférence s’est tenue mardi à Beyrouth  pour exposer le danger d’une vacance présidentielle sur les fondements du système politique libanais.

Plus d’une centaine d’opposants indépendants, hostiles au Hezbollah, ont pris part mardi en fin d’après-midi à une conférence à Beyrouth sur les dangers d’un vide présidentiel et son impact négatif sur la souveraineté du Liban et les fondements du système politique libanais. La conférence s’est tenue avec la participation de représentants de partis de l’opposition, à l’initiative du Conseil national pour la levée de l’occupation iranienne sur le Liban, fondé par l’ancien député Farès Souhaid.

L’objectif de la conférence, présidée par M. Souhaid, était de discuter des moyens de " remédier au danger " que constituerait une nouvelle vacance présidentielle pour les fondements du système politique libanais, à cinq jours de la fin du mandat du président Michel Aoun, alors que le Parlement n’arrive toujours pas à élire un nouveau chef de l’État. Les craintes seraient par exemple de voir le vide se prolonger, sous l’effet du blocage de l’échéance présidentielle à laquelle s’emploie le 8 Mars afin de justifier éventuellement un dialogue national autour des textes fondateurs de la République. Mené sous l’emprise des armes du Hezbollah, après un sexennat ayant dénaturé l’application de la Constitution, un tel dialogue n’aurait d’autre finalité que d’institutionnaliser l’hégémonie iranienne au prix du vivre-ensemble libanais.

À cette fin, les différents aspects qui rendent irrecevable l’option d’un tel dialogue à l’heure actuelle ont été traités à travers une série de panels : les éléments d’une qualification juridique de la présence iranienne comme étant une occupation ont été vérifiés ; la corrélation entre cette occupation et l’effondrement économique a été démontrée ; le nécessaire attachement à la Constitution, fondée sur le document d’entente nationale de Taëf, et à la légalité arabe et internationale a été réaffirmé ; les failles du tracé de la frontière maritime avec Israël, révélatrices d’un deal auquel l’Iran semble être la principale partie prenante, au détriment des autres composantes libanaises, ont été identifiées ; et les effets de l’occupation iranienne sur la dénaturation des législatives ont été décrits sur base de témoignages de candidats ayant axé leur bataille sur la souveraineté au même titre que la lutte contre la corruption.

Dans un communiqué final, lu en présence du député Achraf Rifi et des anciens députés Henri Hélou (Rencontre démocratique, PSP) et Antoine Zahra (Forces libanaises), les opposants ont d’abord réitéré le constat que " le Liban est sous occupation iranienne par la force de la milice du Hezbollah et de ses armes, qui n’ont aucune légitimité constitutionnelle ". Ils ont rappelé ensuite que " nous refusons et continuons de refuser de recourir à la lutte interne armée (…), nous avons choisi d’emprunter la voie de la légitimité constitutionnelle et populaire pour ramener le Liban vers sa vocation historique souveraine et démocratique ". Et ce passage vers la souveraineté qu’ils ont baptisé " Le passage vers la IIIème Indépendance " après 1943 (date de la fin du mandat français) et 2005 (date du retrait des troupes syriennes par la force d’un soulèvement national citoyen), implique un engagement en faveur de principes convenus par les participants et énumérés dans le communiqué final.

Ces derniers ont ainsi déclaré qu’ils demeurent " attachés à la Constitution et à Taëf dans l’esprit et la lettre des textes, Taëf étant le contrat national fondé sur le vivre-ensemble, le caractère définitif de l’entité libanaise et l’arabité du Liban ". Ils ont également réaffirmé leur engagement en faveur de " l’initiative arabe de paix " adoptée en 2002 au sommet arabe de Beyrouth, mais dont la concrétisation avait été mise en échec par le régime syrien et ses alliés au Liban. Le communiqué a aussi réitéré l’adhésion des participants aux résolutions internationales " et précisément les résolutions 1559, 1680, 1701 et 2650 ".

Ces derniers ont fait valoir en outre leur refus catégorique de " toute discussion portant sur la stratégie de défense en dehors du cadre de Taëf et de la résolution 1701 " et leur refus de " la participation de toute partie à tout dialogue national qui prendrait forme en dehors des institutions constitutionnelles ".  Ils ont également opposé leur refus de principe de la participation aux prochains gouvernements de toute partie qui endosse le triptyque armée-peuple-résistance.

Sur le tracé des frontières libanaises, ils ont d’abord demandé aux députés de la nation de " débattre de l’accord sur la frontière maritime avec Israël au sein de l’Hémicycle ", sachant qu’un tel débat n’est pas prévu jusqu’à nouvel ordre. Ils ont dans le même esprit appelé à " parachever le tracé de la frontière terrestre avec Israël et la mise en œuvre de la 1701 ", mais aussi à effectuer " le tracé des frontières maritime et terrestre avec la Syrie en application de la résolution 1680 ". " Le pouvoir au Liban doit nous expliquer les motifs du refus par le régime syrien de remettre les documents qui prouvent que les fermes de Chebaa appartiennent au Liban de manière à les déposer auprès des Nations Unies ", ont exigé les participants à la conférence.

Et de conclure en appuyant " l’élection d’un président ou présidente de la République qui souscrit aux points " du communiqué final.

L’ouverture de la conférence a été notamment marquée par la lecture d’une lettre ouverte de l’écrivain marocain francophone Tahar ben Jalloun, qui fait partie des auteurs ayant annulé leur participation au festival littéraire Beyrouth Livres, après avoir été accusés de " sionisme " (!) par le ministre libanais de la Culture. L’auteur dénonce notamment l’hégémonie du Hezbollah au Liban, en expliquant pourquoi il ne se rend pas au pays du cèdre et revient sur les assassinats en série d’intellectuels, dont Samir Kassir et Lokman Slim.