La représentation libanaise à la signature de l’accord sur la frontière maritime avec Israël devrait se restreindre à la directrice générale du Pétrole au ministère de l’Énergie Aurore Feghali, selon des sources concordantes.  Il n’est pas question d’une "signature" conjointe de l’accord, mais d’une "remise du texte (hand over) par chaque délégation respectivement au médiateur américain Amos Hochstein sous l’égide de l’ONU", explique à Ici Beyrouth le porte-parole de la Finul Andrea Tenente.

A la veille de la signature de l’accord sur la frontière maritime avec Israël, historique surtout parce qu’inédit, le siège de la Finul est calme, et son paysage vert bordant la mer est rafraichi par la première pluie. Cette quiétude n’est troublée par aucune présence médiatique en prévision de l’événement qui doit se tenir jeudi dans l’après-midi à Ras Naqoura, à quelques kilomètres du siège. L’emplacement sera celui du même bâtiment divisé en deux espaces où se tiennent les réunions tripartites régulières entre l’armée libanaise, la Finul et l’armée israélienne, depuis 2006 en vertu de la résolution 1701. Ce point du littoral libanais, qui se rapproche le plus de la "neutralité", est accessible à pied depuis le territoire israélien, explique à Ici Beyrouth le porte-parole de la Finul Andrea Tenente.

Il est prévu que les deux délégations ne se rencontrent pas. Il n’est pas question d’une "signature" conjointe de l’accord, mais d’une "remise du texte (hand over) par chaque délégation respectivement au médiateur américain Amos Hochstein sous l’égide de l’ONU", poursuit M. Tenente. En pratique, chaque délégation sera accompagnée par ses diplomates, pour remettre le document à l’émissaire dans une salle séparée sans se rencontrer.

Même la logistique des prises de photos respectives de chaque délégation est revue au détail près, pour éviter toute ambiguïté. C’est en partie pour cela que la couverture médiatique sera confiée exclusivement à la Finul, qui se chargera de la diffusion des images aux différents médias. L’endroit ne sera pas accessible aux journalistes, auxquels sera proposé un espace devant l’emblématique "I love Naqoura" ornant la colline située à quelques centaines de mètres de l’événement.

Selon nos informations, recueillies de sources concordantes, le choix du représentant du Liban qui faisait polémique (le Hezbollah ne souhaitant pas accoler à l’événement une portée cérémonielle) se serait finalement porté mercredi sur la directrice générale du Pétrole au ministère de l’Énergie Aurore Feghali. Ceci impliquerait en contrepartie la présence de son homologue israélien. La présence diplomatique se restreindrait en outre à la présence naturelle de l’émissaire américain Amos Hochstein, dont la médiation a abouti à finaliser l’accord, celle de l’ambassadrice des États-Unis au Liban Dorothy Shea et de la coordinatrice spéciale des Nations unies au Liban Joanna Wronecka, aux côtés du commandant de la Finul, le général Aroldo Lázaro.

Du reste, l’armée libanaise n’aurait pas de représentation officielle au sein de la délégation libanaise, tranche à IB un responsable, qui rappelle la désolidarisation officielle des efforts de la troupe en faveur de la ligne 29, revendication maximaliste basée sur le droit maritime qui n’aura au final jamais été retenue.

Le rôle de la Finul

La Finul accueille l’événement "en coordination avec l’armée libanaise", mais les détails logistiques relèvent du département d’État américain et de l’ambassade des États-Unis au Liban, explique en outre Andrea Tenente. "Notre rôle est uniquement de les assister", dit-il.

S’abstenant d’évoquer les détails de l’événement, il préfère s’attarder sur la symbolique de l’emplacement devant accueillir l’officialisation de l’accord. Ce lieu qui a accueilli plus d’une centaine de réunions tripartites présidées par la Finul depuis 2006 est de bon augure, puisque jamais aucune partie ne s’en est retirée, relève-t-il en substance. C’est dans ce même lieu que s’étaient tenues, entre octobre 2020 et mai 2021, les réunions libano-israéliennes ayant marqué le coup d’envoi solennel des négociations indirectes.

De la même manière que l’ONU a parrainé l’accord sur la frontière maritime, négocié par les États-Unis, elle restera "le gardien" de sa mise en œuvre, même si les États-Unis en sont désignés comme autorité de référence entre les deux parties.

En pratique, la Finul espère "continuer d’œuvrer avec les parties (au conflit) pour prévenir des " violations supplémentaires " de la Ligne bleue et contribuer à parachever le tracé de la frontière terrestre "qui comporte encore des points en suspens", explique Andrea Tenente.

Forte de "16 ans de stabilité (à la frontière sud)", depuis l’application de la 1701, "consolidée" il y a quelques mois par la résolution 2650, la Finul a l’espoir que "la cessation des hostilités se transformera en cessez-le-feu permanent", conclut-il.