Véritables réservoirs de biodiversité, les zones humides sont des habitats exceptionnels qu’il faut absolument préserver. Malheureusement, au Liban et comme partout dans le monde, ces milieux sont menacés par la pollution et le réchauffement climatique. Plusieurs associations dont l’Association pour la conservation des oiseaux au Liban (ABCL) luttent pour les préserver…

Cheikh Zenna, Ouyoun es-Samak, Bechmezzine, Akoura, Ammiq, Kfar Zabad, Qaraoun, Bisri, Ras el-Aïn… entre terre et eau, les milieux humides libanais sont de véritables réservoirs à biodiversité qui abritent de nombreuses espèces végétales et animales. Une zone humide est un écosystème où l’eau contrôle principalement l’environnement et les formes de vie qu’y s’y trouvent. Les zones humides sont des écosystèmes pouvant aussi bien se trouver en eaux douces que dans les mers et sur les côtes, les lacs, les cours d’eau, les aquifères souterrains (réservoirs d’eau sous-terraine), les marais, marécages, les prairies humides, les tourbières, les oasis, les estuaires, les deltas et les étangs, les mangroves (type d’écosystème côtier et humide très représentatif des zones tropicales et subtropicales) et les zones côtières et les récifs coralliens.

Ce type d’habitats est indispensable aussi bien à l’Homme qu’à la nature, compte tenu des avantages et services qu’ils apportent, notamment leur contribution au développement durable et au bien-être des populations sur le plan environnemental, climatique, écologique et esthétique. En effet, les zones humides présentent divers services écosystémiques essentiels, tels que la lutte contre les inondations, la purification de l’eau, la régulation des crues et le ralentissement des débits d’eau, la régulation des microclimats, la fixation de l’azote atmosphérique (ce qui rend le milieu plus fertile pour le développement des végétaux) et permet le développement de diverses activités économique tout autour. Les zones humides permettent aussi le maintien d’une riche biodiversité.

Des fonctions vitales

Regroupant plusieurs habitats et hébergeant de nombreuses espèces, les zones humides sont de véritables hotspot de biodiversité. Elles assurent l’alimentation, la reproduction, l’abri et le refuge pour bon nombre d’espèces animales et végétales. Ce qui permet d’assurer des fonctions vitales pour leur cycle de vie. Ces écosystèmes jouent aussi un rôle de filtre pour les bassins versants en recevant des matières minérales et organiques, les emmagasinant, les transformant et/ou les retournant à l’environnement.

Les zones humides accueillent 30% d’espèces végétales endémiques à ces habitats ou menacées et 50% des espèces d’oiseaux. Samedi, l’Association pour la conservation des oiseaux au Liban (Association for Bird Conservation in Lebanon – ABCL) a organisé un événement pour marquer la clôture de son projet "Intégration de la conservation des oiseaux des zones humides dans les plans nationaux et les plans de gestion de ces zones". Grâce à ce projet, des experts venant de toutes les zones humides du Liban se sont réunis, pour la première fois, en septembre 2022 pour discuter de la manière de conserver ces zones uniques. L’événement a eu lieu dans l’emblématique zone humide de Ammiq, où une nouvelle cache d’oiseaux a été ouverte et un livre sur les oiseaux des zones humides au Liban a été lancé.

L’événement a été organisé en partenariat avec le Skaff Estate Ammiq et en collaboration avec le ministère de l’Environnement. Plus de 100 personnes y ont participé, dont le ministre de l’Environnement, Nasser Yassine, et les ambassadeurs d’Autriche et de Bulgarie, respectivement Amry Rene’ Paul et Boyan Belev. "Ce projet n’est que le début de notre travail sur les milieux humides", a affirmé Fouad Itani, président de l’ABCL.

Voici dans ce cadre la description de deux oiseaux rencontrés dans des zones humides au Liban.

Le flamant rose

De son nom scientifique Phoenicopterus roseus, cet échassier est très facile à reconnaître grâce à son long cou blanc, ses deux pieds en échasses roses, son plumage rose pâle et sa finition noire sur le bout des ailes et du bec. Pouvant peser jusqu’à 3 kg et mesurer 1,3 mètre, pour une envergure de 1,55 mètre, le flamant rose est de passage au Liban, durant la période de migration, de mars à juin puis d’août à octobre ou, assez rarement, pour y passer l’hiver, de décembre à janvier. Il a déjà été observé à Ammiq, Batroun, Beyrouth, Byblos, Cheikh Zennad, Khaldé, Nahr Ibrahim, Tyr et l’île des palmiers. Les principaux dangers auxquels sont confrontés ces oiseaux majestueux sont la chasse illégale et le braconnage.

La cigogne blanche

Blanche, finitions noires au bout des ailes, longs pieds et bec rouge, il s’agit bien de Ciconia ciconia, cet oiseau qui a, un jour, livré Dumbo à sa mère. En migration, de mars à juin et d’août à octobre et visiteurs de juin à juillet, cet échassier est l’allié des jardiniers et des agriculteurs. Quand elle ne s’accouple pas ou qu’elle n’essaie pas de fuir les chasseurs, la cigogne mange les insectes et autres nuisibles qui ravagent les cultures. Du haut de son mètre sept, la cigogne survole le ciel libanais déployant ses ailes d’une envergure de 1,80 mètre. Pouvant peser jusqu’à 3,4 kg, elle est notamment victime de la chasse illégale et de l’activité humaine dans ses lieux de repos et de reproduction. On retrouve la cigogne partout au Liban, notamment dans les plaines abondantes de la Békaa qui grouillent d’insectes et de limaces dont cet oiseau raffole.

Enjeux sociaux 

Plus d’un milliard de personnes dans le monde dépendent des zones humides pour leur subsistance, soit environ une personne sur huit sur Terre. Menacé par les activités humaines et les changements globaux, ce patrimoine naturel fait l’objet d’une attention toute particulière.

Sa préservation représente des enjeux environnementaux, économiques et sociaux importants. Mais malheureusement, au pays du Cèdre, ces réservoirs de biodiversité sont souvent souillés par les eaux usées, les déchets et par les déversements industriels qui les détruisent.