A la suite d’une fuite, un oléoduc a pris feu dimanche dans le Akkar, au Liban-Nord. L’incendie a été maîtrisé, mais les enjeux sanitaires et environnementaux de tels événements sont majeurs.

Dimanche matin, l’oléoduc qui relie l’Irak au Liban a pris feu dans la localité de Qaabrine dans le Akkar, au Liban-Nord. L’incendie était dû à des fuites pétrolières, les installations vétustes présentant plusieurs perforations. Le sinistre a été rapidement maîtrisé, et les tuyaux ont été colmatés de façon provisoire.

Construit en 1930 par IPC (Iraq Petroleum Company), l’oléoduc est hors service depuis le début de la guerre civile de 1975. Il a été conçu pour transporter du pétrole d’Irak vers Tripoli. Le directeur général adjoint des installations pétrolières de Tripoli, Hadi el-Houssami, avait déclaré en septembre 2021 que les dommages causés à l’oléoduc irakien étaient dus à des tentatives de vol de carburant.

Ce n’est pas la première fois que cet oléoduc prend feu. Ce qui représente un danger pour l’environnement et la santé. Charbel Afif, chef de département de chimie à la faculté des sciences de l’Université Saint Joseph de Beyrouth et expert en pollution de l’air, explique à Ici Beyrouth que cet incendie dégage du monoxyde de carbone, des oxydes d’azote (NOx), des particules fines telles que les PM2.5 et des hydrocarbures aromatiques polycycliques (constituants naturels du charbon et du pétrole, qui proviennent aussi de la combustion incomplète de matières organiques telles que les carburants, le bois, le tabac).

"Le pétrole brut dégage plus de contaminants que ses fractions une fois raffiné (diesel, benzène, kérosène…), observe M. Afif. En cas d’incendies et de fuites répétitives, il va relâcher des polluants très toxiques à court et long terme". Au début, des problèmes respiratoires peuvent survenir. À long terme, des problèmes cardiovasculaires, voire une augmentation du risque de cancer (si l’incident est récurrent).

Charbel Afif affirme que les fuites de pétrole sont un "désastre" pour la nature, vu que l’or noir s’infiltre dans le sol et pourrait rester à faible profondeur, contaminant ainsi les terrains agricoles et les récoltes. "Les polluants contenus dans le pétrole seront absorbés par les plantes et ensuite ingérés par les consommateurs, met-il en garde. Le deuxième risque serait de contaminer le sol en profondeur jusqu’aux nappes phréatiques et donc de ruiner des réserves d’eau pure si précieuses."

Pour lui, il est important de lutter contre ce type de fuites, "car les polluants générés aussi bien au niveau de l’air que du sol et de l’eau sont très dangereux et toxiques."

Des incidents similaires se sont produits de façon régulières au cours des dernières années, et les habitants de la région ont demandé aux autorités de trouver une solution à ce problème qui met leur vie en péril. À ce jour, aucune action n’a été prise.