Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a annoncé mardi qu’il n’est pas candidat à la présidence de la République. "Je suis plus intelligent que cela", a-t-il lancé lors d’une interview accordée à la chaîne télévisée al-Jadeed, soulignant qu’il était en faveur de l’élection d’un président "consensuel". "Lors d’une rencontre, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah m’a confié qu’il me faisait confiance, ainsi qu’à Sleiman Frangié (chef du mouvement Marada)", a-t-il poursuivi.

Lors de l’entretien, M. Bassil s’en est de nouveau pris au Premier ministre sortant Najib Mikati, l’accusant d’"avoir mené (mardi) des contacts pour clore l’enquête dont fait l’objet le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé". Il a souligné qu’avant de se diriger en Algérie où il prend part aux travaux du sommet de la Ligue arabe, M. Mikati "a dépêché un médiateur pour me demander d’accorder la confiance au gouvernement en contrepartie de la formation du cabinet". "Nous lui avons souhaité bonne chance", a lancé M. Bassil.

La réponse ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué, le bureau de presse de M. Mikati a démenti les propos tenus par M. Bassil, affirmant que c’est ce dernier qui "a dépêché un émissaire lui demandant d’annoncer la formation du gouvernement dans sa mouture actuelle".

M. Bassil a en outre accusé le chef du Parlement, Nabih Berry, et M. Mikati, de paralyser la formation du gouvernement. Il a déclaré dans ce cadre que le bloc parlementaire qu’il préside (Liban fort) n’accordera pas la confiance au gouvernement, que "si nous nommons nos ministres". Il est à rappeler que l’une des raisons pour lesquelles la formation du gouvernement est paralysée reste la volonté du Courant patriotique libre à nommer ses propres ministres. En réponse à une question, M. Bassil a affirmé qu’un responsable français avait demandé à M. Mikati de ne pas former le gouvernement. "Plusieurs réunions dans ce sens ont eu lieu", a-t-il assuré.

"Je suis issu d’un milieu chrétien. Je ne peux pas être proche du Hezbollah sur le plan idéologique", a confié M. Bassil, en réponse à une question. En ce qui concerne l’invitation de M. Berry à un dialogue autour de la présidentielle, il a assuré soutenir "tout appel au dialogue, mais je ne peux pas me rendre chez quelqu’un qui m’insulte". Et de signaler, par ailleurs, que "l’accord de Meerab nous a fait du tort". Conclu en janvier 2016, cet accord a permis à Michel Aoun d’accéder à la première magistrature.

Abordant le mouvement de contestation populaire du 17 octobre 2019, M. Bassil a estimé qu’il était dirigé contre le chef de l’État et le mandat fort. "C’était un soulèvement politique, économique et sécuritaire", a-t-il poursuivi, accusant le commandant en chef de l’armée Joseph Aoun de n’être pas intervenu à cet égard.

M. Bassil a enfin confié qu’il pourrait se rendre à Damas avant la fin de l’année en cours et qu’il rencontrerait le président Bachar Assad.