Les derniers incidents survenus dans le camp de réfugiés palestiniens de Borj el-Chemali, dans le secteur de Tyr, au Liban-Sud, ne sauraient être qualifiés " d’isolés ". Ils semblent s’inscrire, en toute vraisemblance, dans le contexte de la partie de bras de fer qui se joue dans la région. Ziad Sayegh, expert en politique publique et en matière de réfugiés, expose pour Ici Beyrouth sa lecture des incidents de Borj el-Chemali.

IB – Quelle portée peut-on donner aux derniers incidents de Borj el-Chemali ?

" Ce qui se passe entre le Fateh et le Hamas s’inscrit dans le cadre des tentatives d’imposer un nouveau rapport de forces entre les deux parties. L’objectif est de contrôler les camps de réfugiés palestiniens sur la scène libanaise et donc la décision palestinienne, à travers le Liban ".
" C’est une carte exploitée par l’Iran, via le Hezbollah. Ils tentent de provoquer des troubles dans les camps afin que le Hezbollah et Hamas interviennent pour juguler la tension. Ils veulent utiliser cette carte en vue d’un marchandage au niveau de certains dossiers régionaux ".

IB – Comment peut-on définir la position de l’Etat libanais dans ce contexte ?

" Le véritable problème à l’ombre des derniers incidents de Borj el-Chemali réside dans l’absence de l’Etat qui s’abstient d’assumer ses responsabilités et d’imposer sa souveraineté, en observant un mutisme total au sujet des incidents qui se produisent dans les camps, sans compter la visite de Khaled Machaal à Beyrouth dont on ignore le but et dans quel contexte elle a lieu ".

IB – Quel impact les derniers incidents pourraient-ils avoir au niveau des rapports libano-palestiniens ?

" Ce mutisme libanais se manifeste plus particulièrement au niveau du comité conjoint libano-palestinien qui est chargé, en principe, de se saisir de tout problème portant atteinte à la souveraineté libanaise. L’Iran et ses alliés cherchent ainsi à empêcher et à saboter tout assainissement des rapports libano-palestiniens, qui devrait être le prélude au rétablissement de la souveraineté libanaise dans les camps, comme ce fut le cas à Nahr el-Bared en 2007. Mais ils veulent empêcher ce processus d’aller de l’avant ".

Abonnez-vous à notre newsletter

Newsletter signup

Please wait...

Merci de vous être inscrit !