Après une période de silence, le Hezbollah s’est de nouveau mobilisé pour appeler à un dialogue qui devrait, selon lui, déboucher sur un compromis pour l’élection d’un nouveau président de la République.

La formation pro-iranienne a choisi le jour de Noël pour cette mobilisation, censée ouvrir la voie vers Baabda à une personnalité soumise à ceux qui ont opté pour elle, notamment le camp du 8 Mars. Deux de ses cadres se sont prononcés dimanche sur le sujet, Mohammad Raad, chef du bloc parlementaire de la Résistance, et cheikh Nabil Kaouk, membre du bureau politique du Hezbollah, en plus du mufti jaafari, cheikh Ahmad Kabalan, proche de cette formation.

Dans une démarche inhabituelle, le mufti jaafari, cheikh Ahmad Kabalan, a adressé un " message de Noël " aux responsables politiques et religieux chrétiens et musulmans, pour les exhorter, en s’appuyant sur " les messages de la Nativité ", à œuvrer pour un dialogue " loin du jeu international préjudiciable au pays ". " Les règles divines nous commandent d’être une famille nationale unifiée, loin du bazar international qui investit dans les divisions et la destruction ", a-t-il écrit en rappelant que " l’État est en danger " et que " les provocations politiques, médiatiques et confessionnelles exacerbent les tensions ".

" Aux leaderships chrétiens et musulmans, je dis : ceux qui croient en le Christ et en Mohammed croient forcément en le dialogue. Celui-ci s’impose pour que nous puissions sauver notre pays, notre peuple et notre projet d’État qui agonise ", a-t-il poursuivi, estimant que le Liban " ne peut survivre que grâce aux intérêts communs qui sont fondamentaux pour sauver ce pays de la pire crise de l’Histoire ".

Dans le même temps, Mohammed Raad plaidait, lors d’un meeting populaire à Sir el-Gharbieh, dans le caza de Nabatiyé, pour un consensus politique autour d’un candidat à la tête de l’État. Le chef du bloc parlementaire du Hezbollah a tenu cependant un discours à travers lequel il semblait adresser plusieurs messages, à ses adversaires politiques mais aussi à ses alliés, notamment au chef du CPL, Gebran Bassil. Mohammad Raad a ainsi critiqué vivement ceux qui ont bloqué la formation d’un gouvernement après les législatives de mai et avant la fin du mandat de l’ex-président Michel Aoun, le 31 octobre dernier. Ce dernier et son gendre, Gebran Bassil, avaient multiplié les conditions rédhibitoires pour imposer au Premier ministre désigné, Najib Mikati, un gouvernement au sein duquel ils auraient la main haute. " Personne ne peut supprimer l’autre. Le président de la République collabore avec le Premier ministre et lorsqu’un nouveau chef de l’État est élu, le gouvernement tombe de facto et un autre est formé ", a-t-il indiqué, avant d’estimer que " les rancoeurs politiques, les intérêts égoïstes, sectaires et individuels, la haine, les susceptibilités et le sectarisme qui dictent les politiques de certains responsables sont en train de conduire le pays à sa ruine ".

M. Raad a ensuite plaidé pour " une entente et un dialogue " autour de la présidentielle, " sur base de critères qui seront définis " par chaque partie. " Plus ses critères se rapprocheront les uns des autres, plus les avis se rapprocheront et nous pourrons alors élire un président ", a-t-il souligné, en insistant sur la nécessité de " faire montre d’un minimum de logique ". " Nous en avons besoin mais le problème est que certains veulent diriger le pays sans logique ", a-t-il ajouté, toujours sans préciser sa cible.

Cheikh Nabil Kaouk a pratiquement tenu le même discours, lors d’un meeting populaire dans le village de Kounine, au Liban-sud, s’en prenant particulièrement aux forces souverainistes " qui n’ont pas réussi à faire élire leur candidat durant les dix réunions parlementaires électorales ".