La nouvelle formation politique repose sur deux piliers, la souveraineté et l’exigence de réformes, selon la coordinatrice du projet, Nada Sehnaoui.

Le mouvement citoyen " Beirut Madinati ", qui avait été le premier à faire trembler l’ensemble de l’establishment politique lors des élections municipales de 2016 à Beyrouth en obtenant 40 % des voix, a annoncé dimanche se transformer en parti politique national et transversal sous le nom de " Madinati ", en référence à l’ensemble des villes libanaises et non plus seulement la capitale.
Dans une conférence de presse à Jeïtaoui, la coordinatrice générale du projet, Nada Sehnaoui, a évoqué le parcours franchi par le mouvement au cours de ses six ans d’existence, et ses multiples combats, notamment en faveur de la restitution des fonds spoliés, l’indépendance de la justice, la préservation des biens-fonds maritimes ou l’opposition au projet d’incinérateur dans le secteur de la Quarantaine, au projet de barrage de Bisri et au renouvellement du mandat du mohafez de Beyrouth.
" Si nous avions pris en charge la responsabilité de la municipalité, nous n’aurions pas laissé Beyrouth en ruines, les maisons détruites, les habitants déplacés, la municipalité absente et la ville sans vie ", a indiqué Mme Sehnaoui. " Nous n’aurions pas laissé les victimes de l’explosion seules face à l’agression continue menée contre l’enquête judiciaire, ou Beyrouth sans aide ou parrainage pour accompagner les habitants tout au long de l’une des crises sanitaires les plus terribles ", a-t-elle ajouté, en évoquant le souci de la formation de lutter aussi contre la pollution et en faveur de l’environnement.

" La clarté, toujours "
La coordinatrice de Beirut Madinati a par ailleurs rappelé tout ce que le mouvement avait accompli durant la phase de la révolution du 17 Octobre, dans une perspective de changement, et en dépit des diverses atteintes et agressions subies dans le camp situé au cœur de la capitale.
" Nous sommes passés en six ans d’une campagne électorale pour des municipales à un parti politique, avec un rêve étendu désormais à l’ensemble de la nation, parce que nos soucis et nos rêves sont uns, de Beyrouth au reste du Liban, en dépit des spécificités de chaque région ", a-t-elle indiqué.
" Il y a eu un processus d’institutionnalisation au sein du mouvement au fil des ans. Nous avons mûri. Mais la clarté était toujours au cœur de notre comportement, au service des gens ", a souligné Nada Sehnaoui.
" Dès le premier jour, nous avions clairement perçu que le gouvernement dirigé par Hassane Diab était voué à l’échec. Nous étions certains que le concept de technocrates était un mensonge fabriqué par le pouvoir ", a estimé Mme Sehnaoui.

" La souveraineté, un processus global et indivisible "
" Nous sommes également clairs sur le fait que notre indépendance vis-à-vis de et notre opposition aux partis qui ont détruit le pays à l’intérieur se complète avec son corollaire, notre position souverainiste sur le plan extérieur ", a-t-elle ajouté.
" Il est tout aussi clair pour nous que nous en pouvons pas prétendre défendre la souveraineté et détruire en même temps les institutions, ne pas appliquer la Constitution, ne pas adopter la loi sur l’indépendance de la justice, ne pas faire de budget durant des décennies " a noté la coordinatrice du projet.
" Aujourd’hui, plus que jamais, notre bataille est l’indépendance de la justice et la vérité dans l’affaire de l’explosion du port. Nous n’oublierons pas et nous ne reculerons pas ", a-t-elle souligné.
" La clarté, c’est aussi de dire qu’il ne saurait y avoir de résistance pour la libération s’il n’y a pas de résistance économique, financière, sociale et culturelle. Il n’y a pas de résistance qui libère le pays d’un ennemi/occupant pour en confier le sort à un autre Etat hégémonique, qui l’occupe désormais par remote control. Du reste, il ne saurait y avoir de résistance sectaire, mais une résistance nationale ", a martelé Mme Sehnaoui. " La souveraineté n’est pas à la carte. Il s’agit d’un processus global et indivisible ", a-t-elle encore dit.

" Le rêve d’un Etat civil "
" Nous ne sommes ni optimistes ni pessimistes. Nous n’avons pas abandonné notre rêve ", a ajouté Nada Sehnaoui, estimant que le programme du nouveau parti est " la protection d’un pays souverain dans ses frontières reconnues, l’édification d’un Etat civil, citoyen et rassembleur, et le rétablissement de la notion du politique en tant qu’action noble reposant sur une éthique bien vivante en nous ".
Plusieurs autres cadres et militants ont également pris la parole au cours de la cérémonie de lancement du nouveau parti.

" Des listes partout au Liban "
Dans un entretien accordé à *Ici Beyrouth*, Nada Sehnaoui rappelle que la campagne électorale de 2016 visait à faire de Beyrouth un " espace commun ", où les citoyens pourraient " jouir d’une vie digne et revendiquer leur droit au bonheur au quotidien ".
" Nous avons milité au sein de la révolution avec d’autres groupes, ce qui nous a fait gagner en maturité. Notre évolution nous a conduit à changer de nom. Nous avons opté pour une expansion au niveau du pays, sans toutefois renoncer à notre programme local. Nous nous préparons pour les élections municipales et législatives ", annonce-t-elle, dévoilant que le parti établira des alliances politiques et électorales avec des groupes issus du mouvement du 17 octobre. " Nous sommes prêts à constituer des listes à Beyrouth et ailleurs ", confie-t-elle enfin.

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