Le chef des Forces libanaises Samir Geagea a plaidé dimanche pour des séances électorales ouvertes jusqu’à l’élection d’un président de la République, par opposition au dialogue en vue d’un consensus auquel appelle le président de la Chambre, Nabih Berry, avec l’appui de plus en plus acharné du Hezbollah.

Le chef des Forces libanaises Samir Geagea a plaidé dimanche pour des séances électorales ouvertes jusqu’à l’élection d’un président de la République, par opposition au dialogue en vue d’un consensus auquel appelle le président de la Chambre, Nabih Berry, avec l’appui du Hezbollah.

" Puissent les députés de la moumanaa et le président de la Chambre suivre un peu l’exemple de l’élection du président de la Chambre américaine des représentants : lorsque les tensions se sont exacerbées (entre le groupe trumpiste et les autres républicains et démocrates, NDLR) sans qu’aucun candidat ne soit à même de recueillir la majorité requise pour être élu, les tours pour l’élection d’un speaker se sont succédés à un rythme quotidien, les séances sont restées ouvertes et des discussions et dialogues en amont de l’élection se sont tenus, jusqu’à ce que les parties rivales choisissent un candidat et l’élisent au terme de 15 tours ", a fait valoir le leader chrétien dans un communiqué.

" Si ce processus a prévalu pour l’élection du président de la Chambre américaine, cela devrait a fortiori s’appliquer à l’élection d’un président de la République au Liban ", a-t-il indiqué.

L’élection présidentielle est stérile depuis près de trois mois et dix séances électorales se sont déroulées plus ou moins selon un scénario similaire : le soutien maintenu, par des partis de l’opposition et indépendants au député Michel Mouawad, s’accompagne de propositions sporadiques de candidats choisis par principe ou au hasard, sans chance d’être élus, par d’autres indépendants, parfois sans cohésion au sein de mêmes groupes, pour se heurter, enfin, au vote blanc monolithique des groupes du 8 Mars relevant du Hezbollah. L’échec d’élire un président au premier tour, faute de majorité (les deux tiers de la Chambre) en faveur d’un candidat est suivi d’un retrait progressif des députés du 8 Mars, aboutissant au constat, déclaré ou pas, par le président de la Chambre, du défaut du quorum exigé (les deux tiers en vertu d’une pratique politique et non d’une coutume constitutionnelle) pour la tenue des tours de scrutin suivants. S’ensuit la levée de la séance et un nouveau report de la présidentielle.

" Au lieu de séances folkloriques dont le résultat et la fin sont connus d’avance, le président de la Chambre devrait, à la convocation des députés à une onzième séance électorale, notifier tous les blocs et groupes parlementaires au préalable qu’il ne lèvera pas la séance, et inviter ces blocs à rester à l’Hémicycle pour dialoguer et discuter entre les tours successifs ", a indiqué Samir Geagea. Il est du devoir du président de la Chambre de " maintenir la séance électorale ouverte, non seulement d’un tour à l’autre, mais d’un jour à l’autre, jusqu’à ce qu’un président soit élu ".

" C’est ainsi que se font les convocations sérieuses à des séances électorales, et c’est ainsi que nous parviendrons en quelques heures ou jours à élire un président de la République ", a-t-il fait valoir. " Cela ne se fera pas par les appels au dialogue, parce que le dialogue officiel se fait au parlement entre un tour de vote et un autre, non autour d’une table de dialogue inconstitutionnelle qui empêche de se focaliser sur le rôle de la Chambre d’élire un président ". Le dialogue auquel invite le président de la Chambre aurait pour " seul objectif de couvrir ceux qui paralysent l’élection " présidentielle, a-t-il indiqué.

Kaouk: " Le consensus incontournable "

Pour sa part, le Hezbollah défend le dialogue avec de plus en plus de virulence. Le membre du comité central du parti pro-iranien, cheikh Nabil Kaouk a stigmatisé dimanche ceux qui refusent le dialogue. " Il existe deux camps au Liban, un camp qui veut le dialogue et l’entente nationale pour élire un président, et un autre qui les refuse et tient au défi et la confrontation, en attendant les ingérences étrangères ", a-t-il déclaré. " Les intentions réelles des membres de ce camp sont désormais connues, surtout ceux qui se font les porte-étendards de la souveraineté et refusent le dialogue national tout en priant désespérément pour des ingérences étrangères ", a-t-il soulevé, en indiquant que les dix séances électorales passées ont prouvé " l’échec (de l’opposition) à élire un président de défi et de confrontation (…) à la majorité des 65 voix (requise aux tours de scrutin suivants le premier tour, NDLR) ". " L’équation est donc claire: aucun camp n’est capable d’élire un président sans consensus ", a-t-il conclu.