En visite à Beyrouth, le ministre iranien des Affaires étrangères a eu des entretiens vendredi avec Nabih Berry, Najib Mikati et Abdallah Bou Habib, devant qui il a réaffirmé que l’Iran est disposé à aider le Liban dans le secteur de l’électricité.

Le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir-Abdollahian, a affirmé espérer une normalisation avec l’Arabie saoudite qui aboutirait à une réouverture des ambassades des deux poids lourds de la région, et encouragé les Libanais à un dialogue interne pour un déblocage du dossier de la présidentielle.

Arrivé jeudi soir à Beyrouth pour une visite officielle de 48 heures, Hossein Amir-Abdollahian a eu des entretiens avec le Premier ministre sortant, Najib Mikati, le président de la Chambre, Nabih Berry, et le ministre sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib. Il doit se rendre samedi en Syrie, où l’Iran appuie le régime de Bachar al-Assad, selon le quotidien progouvernemental syrien, Al-Watan.

Sur le plan local, le ministre iranien, qui a tenu une conférence de presse conjointe avec Abdallah Bou Habib, a affirmé que son pays " ne se même pas des affaires internes du Liban ", mais a encouragé les différentes forces politiques libanaises à engager un dialogue entre elles pour pouvoir débloquer le dossier de la présidentielle.

Il a d’autre part renouvelé la proposition de l’Iran de fournir du fioul au Liban, de " réhabiliter les centrales électriques " vétustes " ou d’en construire de nouvelles ", malgré les sanctions imposées à Téhéran. M. Bouhabib a cependant fait état durant la conférence de presse de " pressions extérieures et d’obstacles " qui pourraient entraver l’offre iranienne, dans une allusion aux États-Unis qui imposent des sanctions à Téhéran.

Sur le plan régional, Hossein Amir-Abdollahian a souligné que son pays est favorable à une normalisation avec l’Arabie saoudite. Un dialogue entre l’Iran et l’Arabie saoudite avait été amorcé à Bagdad, mais la dernière réunion remonte à avril 2022. Le ministre iranien avait brièvement rencontré son homologue saoudien en marge d’une réunion régionale en Jordanie en décembre dernier. " Nous accueillons favorablement un retour à des relations normales avec l’Arabie saoudite, qui aboutirait à une réouverture des bureaux de représentation ou des ambassades à Téhéran et Ryad, dans le cadre du dialogue, qui doit se poursuivre, entre les deux pays " , a déclaré M. Abdollahian.

Les déclarations du ministre interviennent alors que l’Iran, secoué par une vague de manifestations, accuse ses " ennemis " menés selon lui par les Etats-Unis, d’attiser les protestations et souligne le rôle saoudien dans le financement de médias " hostiles " à l’étranger. En novembre, Téhéran avait appelé Ryad à changer son comportement " inamical " et menacé les voisins de l’Iran, dont l’Arabie saoudite, de représailles contre toute tentative de déstabilisation du pays. Les deux pays ont rompu leurs liens il y a sept ans, après l’attaque de missions diplomatiques saoudiennes par des manifestants dans la République islamique à la suite de l’exécution par Ryad d’un important religieux chiite. Téhéran et Ryad soutiennent des parties rivales dans plusieurs conflits dans la région, notamment au Yémen. L’Iran a une influence prépondérante en Irak et au Liban et soutient militairement et politiquement le régime en Syrie.

Concernant ce pays précisément, M. Abdollahian s’est déclaré " heureux du dialogue en cours entre Damas et Ankara " qui, selon lui, devrait " avoir des répercussions positives dans l’intérêt des deux pays.

Après une rupture de plus d’une décennie en raison du soulèvement en Syrie, où la Turquie soutient les rebelles combattant le régime, les ministres de la Défense des deux pays se sont rencontrés en décembre dernier et ceux des Affaires étrangères doivent se retrouver prochainement à Moscou.

Le ministre Abdollahian a également rendu visite au secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, pour un entretien qui a porté notamment " sur les menaces découlant de la formation d’un gouvernement de corrompus et de fondamentalistes chez l’ennemi (Israël) ainsi que sur le rôle des mouvements de l’axe de la résistance, pour faire face aux développements régionaux ".