Le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, a lancé, dimanche soir, une attaque frontale contre le Hezbollah, soulignant que les F.L. n’accepteront en aucune façon un président de la République soumis au parti pro-iranien, car cela reviendrait à prolonger la crise actuelle, ce que les F.L. ne sauraient accepter. Dans une longue interview à la NewTV, M. Geagea a affirmé que si le Hezbollah parvient à imposer son candidat, il deviendra nécessaire de remettre en question la structure politique du pays. Concernant la crise financière, le leader des F.L. a relevé qu’il est erroné de parler de "pertes" au niveau des dépôts bancaires, du fait que nous faisons face plutôt à des "dettes" que l’Etat a contractées auprès des banques, via la BDL, et qu’il devra donc rembourser tôt ou tard.

Le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, a lancé dimanche soir une attaque frontale contre le Hezbollah et sa ligne de conduite, notamment en ce qui concerne la présidentielle, soulignant que les FL n’accepteront pas en aucune façon que le Hezbollah continue d’imposer son diktat sur l’Etat et la vie politique dans le pays. " Si le Hezbollah impose un président qui lui est soumis, il faudra alors remettre en question la structure politique du pays ", a souligné M. Geagea dans une interview nocturne à la NewTV, sans toutefois préciser quelle forme prendrait cette remise en question.

Concernant la crise financière actuelle, le leader des FL a déclaré qu’il "n’y a pas de pertes au niveau des dépôts bancaires, mais des dettes que l’Etat devra rembourser". "Lorsqu’il y aura un président digne de ce nom, l’activité économique sera relancée et l’Etat devrait alors pouvoir rembourser ses dettes, a affirmé M. Geagea. Il est faux de parler de pertes, car les banques ont prêté l’argent à la Banque du Liban, laquelle a prêté l’argent à l’Etat, lequel devrait donc rembourser ses dettes".

Interrogé, d’entrée de jeu, sur la tournure prise par l’élection présidentielle, M. Geagea a tenu à rappeler que "ce sont le Hezbollah et ses alliés qui bloquent l’élection présidentielle, car ils ne peuvent pas faire élire leur candidat et ils n’acceptent pas de jouer le jeu démocratique". "Ils croient que nous finirons par céder et par accepter leur candidat, ce qui n’arrivera pas, a affirmé le leader des FL. Nous voulons un président qui ait pour projet d’édifier réellement un Etat pour résoudre tous les problèmes actuels".

M. Geagea a souligné dans ce cadre que le député "Michel Moawad reste au stade actuel le candidat le plus fort et le plus sérieux, et les Forces libanaises continueront à l’appuyer jusqu’au bout, avec nos alliés. Michel Moawad n’est pas le candidat des Forces libanaises, mais le candidat soutenu par les Forces libanaises. Nous voulons un candidat qui (comme Michel Moawad) est descendu sous la pluie pour se tenir aux côtés des parents de William Noun et pour soutenir William Noun. Nous voulons un président digne de ce nom qui ait le courage de prendre position".

Et M. Geagea de poursuivre : "Cette fois-ci, nous n’accepterons pas le cas de figure des précédentes élections présidentielles, même s’il faut attendre deux ans ou cinquante ans car les Libanais ne peuvent plus endurer davantage face à la situation actuelle. Nous avons dit très franchement à Sleiman Frangié que nous voulons entretenir les relations les plus cordiales avec lui, mais nous ne pouvons pas appuyer sa candidature à la présidence pour des raisons politiques, à savoir que nous ne pouvons pas accepter que la situation actuelle dans laquelle se trouve le pays se maintienne. Nous avons une responsabilité nationale à assumer ; un quart de million de Libanais ont voté pour nous sur des bases claires (lors des dernières élections législatives), nous avons une responsabilité à assumer à leur égard".

Une possible remise en question de la structure politique

Le leader des FL a souligné dans ce cadre que "si le Hezbollah parvient à assurer une majorité à son candidat, il faudra alors remettre en question la structure politique du pays, car cela signifiera que la situation actuelle dans laquelle se trouve le pays se prolongera, ce que nous ne pouvons pas accepter. Continuer dans la situation actuelle est inacceptable. De ce fait, si le Hezbollah parvient à maintenir cette situation en continuant à tout contrôler, il faudra alors remettre en question la structure politique du pays. Si le Hezbollah continue sur cette voie, qu’il se défende là où il est, et nous aviserons en ce qui nous concerne, mais nous n’accepterons plus d’être encore plus sous la coupe du Hezb car cela signifiera que l’Etat restera paralysé et que la crise actuelle se prolongera".

En réponse à une question, M. Geagea a d’autre part déclaré que "s’il se trouve un candidat qui a le même profil que Michel Moawad et qui peut assurer une majorité, dans ce cas, nous étudierons la situation en nous concertant avec Michel Moawad et nos alliés. Nous voulons un candidat qui, comme Michel Moawad, soit président de la République dans toute l’acception du terme, car nous voulons édifier un Etat en bonne et due forme. Sur le plan du principe, il était de notre droit d’avoir notre propre candidat, mais nous n’avons pas opté pour ce cas de figure car nous sommes conscients de la gravité de la situation et nous voulons sortir de cette crise. Nous n’allons pas accepter de retourner à la situation qui prévalait ces trente dernières années ; soit il y aura un président dans toute l’acception du terme, soit toutes les options seront ouvertes de notre côté".

Interrogé sur la position des puissances étrangères, M. Geagea a réaffirmé que ce sont les 128 députés qui doivent assumer leur responsabilité sur ce plan, relevant, en réponse à une question, que l’Arabie Saoudite n’a pas de candidat, mais elle s’oppose à un certain profil de présidentiable (inféodé au Hezbollah).

Le projet du Hezbollah

Le leader des FL a par ailleurs souligné que " le projet du Hezbollah n’a rien à voir avec le Liban". "Leur but est uniquement de maintenir l’influence  stratégique iranienne au Liban, a-t-il indiqué. Ce que nous demandons au Hezbollah, c’est qu’il se conforme à la Constitution et à l’autorité de l’Etat libanais. Il n’est plus tolérable que le Hezb continue à tout contrôler au service de l’Iran. Enough is enough, comme on dit en anglais".

Interrogé sur le fait de savoir si les postes chrétiens et maronites au sein de l’Etat sont en danger, M. Geagea a déclaré: "Il y a un plan fomenté pas seulement contre les postes chrétiens et maronites, mais contre tous les postes de l’Etat en général que le Hezbollah cherche à contrôler. Ce n’est pas vrai qu’il y a une guerre contre les chrétiens au Liban, mais il y a une guerre contre les Libanais dans leur ensemble et contre l’édification de l’Etat libanais et ce sont le Hezbollah et ses alliés qui mènent cette guerre".

L’affaire William Noun

En ce qui concerne l’affaire de l’interpellation de William Noun, M. Geagea a souligné que la faute sur ce plan est due à l’attitude du magistrat qui a émis le mandat d’amener. "Nul n’ignore qu’il est proche de ceux qui sont poursuivis dans l’affaire de l’explosion du 4 août (allusion à deux députés d’Amal), a déclaré le leader des FL. Mais en tout état de cause, nous avons informé les responsables concernés que nous ne pouvions pas accepter que William Noun reste en détention et que nous étions déterminés à initier une escalade s’il n’était pas libéré, car son interpellation n’était pas acceptable".