La réunion que le ministre de l’Information, Ziad Makary, a tenue avec les ambassadeurs des pays arabes pour discuter des préparatifs de la prochaine conférence "Beyrouth, capitale de l’Information arabe pour l’année 2023", s’est tenue quelques heures avant qu’une bombe artisanale ne soit lancée en direction du bâtiment de la chaîne télévisée LBCI, après la diffusion d’un sketch raillant le dialecte chiite.

Les attaques contre les institutions médiatiques et la menace à l’encontre des journalistes se répètent avec chaque émission télévisée jugée provocatrice par la base du Hezbollah. Pour rappel, la chaîne de télévision libanaise Al-Jadeed avait été la cible d’attaques par des inconnus le 27 janvier 2022 à Wata el Msaytbé. Cet incident était survenu après la grande controverse que Batoul, alias Joanna Karaki, avait provoquée lors de l’émission "Fachet Khelk".

Le message du Hezbollah est sans équivoque: dompter les médias et établir des lignes rouges. Les milieux du Hezbollah, avec leur excédent de pouvoirs, ne tolèrent pas le sarcasme et encore moins l’humour noir. Partant, mobylettes et Molotov sont lancés contre les médias dès la première contrariété. D’ailleurs, le Hezbollah n’est pas à son premier débordement sur ce plan. En 2006, un sketch dans lequel un humoriste avait imité Hassan Nasrallah avait déclenché des incidents provoqués par les partisans du Hezbollah.

C’est donc dans ce climat que la capitale des libertés s’apprête à accueillir dans un mois la conférence "Beyrouth capitale de l’Information arabe pour 2023", en présence des ambassadeurs arabes et d’un grand nombre de médias arabes, internationaux et locaux. Pourtant, les auteurs des attaques et des menaces contre les journalistes et les présentateurs d’émissions politiques ou satiriques via des appels téléphoniques et les réseaux sociaux ne sont toujours pas inquiétés et sanctionnés.

Ces actes d’intimidation ont entraîné le départ des médias arabes et étrangers du Liban, qui était auparavant une plateforme importante pour la production de programmes, de séries télévisées et de films.  Ces départs n’ont suscité aucune réaction de la part des dirigeants libanais auprès des administrations des chaînes de télévision, alors que ces productions généraient des milliers d’emplois pour les jeunes Libanais.

Deux faits aux antipodes l’un de l’autre. Le premier reflétant la créativité médiatique dont la capitale Beyrouth s’enorgueillit et qui a commencé à décliner avec le contrôle par le Hezbollah des arcanes de l’État, et le second marqué par les tentatives croissantes de la formation pro-iranienne d’assujettir la presse.

Compte tenu de ce contexte, il serait opportun de supprimer l’adage selon lequel "celui qui se lance dans la politique doit supporter la critique" et de le remplacer par "quiconque touche au Hezbolah doit supporter les cocktails Molotov".

 

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