Face au blocage qui persiste au niveau du dossier de la présidentielle, le patriarcat maronite a décidé de reprendre l’initiative, en convoquant des assises spirituelles chrétiennes élargies. Celles-ci se tiendront mercredi à 16h à Bkerké, en présence des patriarches des différentes Églises chrétiennes. Elle suivra la réunion mensuelle du Conseil des évêques maronites qui se tiendra dans la matinée.

Cette démarche doit déboucher sur une position commune, d’autant plus que les chefs religieux chrétiens libanais, catholiques et orthodoxes, ont la même vis-à-vis du blocage et des tentatives des forces du 8 Mars d’imposer un président dont le profile correspondrait davantage aux intérêts de ces derniers qu’aux critères qu’impose l’urgence d’un règlement de la crise dans laquelle le Liban ne fait que s’enfoncer.

La réunion barre ainsi la voie aux tentatives du chef du CPL, Gebran Bassil, de pousser le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, à convoquer une réunion des pôles politiques maronites en vue d’une entente sur un candidat à la tête de l’État.

À ce sujet, un  ancien ministre proche de Bkerké rapporte que si Mgr Raï a reçu successivement la semaine dernière les deux chefs des Marada, Sleiman Frangié, et du CPL, c’est parce que les deux avaient sollicité un rendez-vous et non pas parce que le patriarche voulait lui-même discuter avec eux.

Selon la même source, Gebran Bassil a ainsi essayé encore une fois de convaincre son interlocuteur de convoquer une réunion " des pôles chrétiens ", c’est-à-dire lui-même, en plus de Sleiman Frangié, et des chefs des Forces libanaises, Samir Geagea, et des Kataëb, Samy Gemayel, pour des concertations qui devraient aboutir, sous la houlette de Bkerké, à une entente sur un successeur à Michel Aoun pour les six prochaines années.

Totalement isolé sur la scène politique libanaise, notamment chrétienne, le chef du CPL s’efforce de s’imposer encore une fois comme un acteur incontournable sur la scène politique, dans l’espoir de changer la donne en sa faveur, en se servant du patriarcat maronite comme levier.

Mais la réponse de Mgr Raï a été négative pour la deuxième fois. D’abord, parce que les principaux concernés, MM. Frangié, Geagea et Gemayel ont rejeté la proposition du responsable aouniste, ensuite parce que d’autres personnalités chrétiennes sont tout autant concernées que lui par le dossier de la présidentielle. Le chef de l’Église maronite a ainsi cité le dirigeant du PNL, Camille Chamoun, ainsi que des députés maronites, dont notamment Michel Moawad ou Neemat Frem. Il a insisté sur le fait que ces personnalités ne peuvent pas être ignorés.

Toujours selon cet ancien ministre, Gebran Bassil cherche essentiellement à se renflouer politiquement et à se positionner comme un faiseur de présidents, en cherchant à imposer ce qu’il appelle " la personnalité la plus représentative au sein de sa communauté ". Le principal but de cette démarche est surtout de barrer la voie à une éventuelle accession de Sleiman Frangié et du commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, à la tête de l’État. Les positions exprimées par M. Bassil durant sa conférence de presse fleuve dimanche, reflétaient d’ailleurs sa tactique.