Au Liban, les crises se multiplient et s’aggravent dans une indifférence politique sans précédent, au point d’atteindre les limites d’une déchéance morale déconcertante !  Que la classe politique libanaise, qui détient la clé de la solution, s’abstienne de l’utiliser dans des moments d’effondrement sans précédent, dépasse les considérations politiques et atteint un seuil d’irresponsabilité nationale dangereuse.

En effet, lorsque les forces du 8 mars, qui gravitent dans l’orbite de l’axe de la "résistance", cesseront d’utiliser le défaut de quorum comme levier au Parlement pour bloquer l’élection présidentielle au second tour de chaque session électorale, la solution sera alors possible. Il faut cependant admettre qu’il existe un autre problème auquel sont confrontées les autres forces politiques représentées au Parlement, divisées entre les deux pôles principaux qui s’opposent et les forces du changement.

Par ailleurs, force est de reconnaître que le désaccord entre les partis politiques chrétiens a un impact négatif sur l’ensemble de la scène électorale. En particulier après les nombreuses hérésies avancées à chaque élection présidentielle à l’instar du pacte national, de la représentativité des candidats, et d’autres sujets majeurs que certains partis rabâchent dans des milieux précis, en jouant sur la fibre populiste à travers leur rhétorique sectaire et confessionnelle particulièrement dangereuse, pour gagner en popularité.

Cette approche a donné une consonance chrétienne au discours lié à cette échéance, alors que la fonction première de la République est fondamentalement nationale. De plus, elle transcende toutes les fonctions, les confessions et les communautés, et ne peut pas être enfermée dans un cadre sectaire, au risque de porter atteinte à la Magistrature suprême.

Or le discours partisan, qui a gagné du terrain ces dernières années, évolue de manière hasardeuse. En effet, on assiste à une résurgence des appels à la partition et à un fédéralisme dangereux, oubliés en raison du climat unitaire que le pays avait connu sous d’autres alternances politiques.

Cependant, le confessionnalisme revient de plus belle ! Il alimente désormais le débat politique interne au sujet du régime et du système, alors que le pays ne peut se permettre de telles équipées suicidaires.

Les Libanais n’ont plus le luxe du temps ni celui de l’attente. Ils ont manqué le train de la modernité, du développement et du progrès, et ont perdu la plupart des avantages dont leur pays a bénéficié pendant des décennies, à l’exception des compétences humaines, elles-mêmes sujettes au déclin face à la crise des secteurs éducatif et académique qui étaient autrefois une référence dans le monde arabe et qui sont aujourd’hui malmenés et se limitent presque à accueillir les enfants de familles aisées.

Peut-être que, pour sortir de l’impasse politique actuelle et de la vacance présidentielle, il faudra, dans un premier temps, adopter une approche chrétienne courageuse qui rabatte les cartes et fasse pression pour obtenir la percée nécessaire.

Quant à attendre indéfiniment une solution qui provienne de l’extérieur, cela dénote une attitude défaitiste et augure des conséquences extrêmement dangereuses, compte tenu de l’effondrement sans précédent de la valeur de la monnaie nationale et du dérèglement quasi total du cycle économique.

Le Liban mérite un renouveau qui commence par l’élection d’un président de la République qui rétablisse la confiance dans le pays, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, et mène les réformes politiques et économiques nécessaires, afin de remettre le Liban sur la carte arabe et internationale et l’éloigner des grands conflits régionaux qui l’accablent.

Ainsi, pour reprendre les mots de feu Jean-Paul II, "le Liban est plus qu’une patrie, c’est un message"…