Ragy el-Saad, député de la Rencontre démocratique, a affirmé que le Parti socialiste progressiste n’a pas retiré son soutien au candidat à la présidentielle Michel Moawad, mais que l’impasse observée au niveau du dossier a poussé le parti à envisager d’autres options.

Ragy el-Saad, député de la Rencontre démocratique (bloc joumblattiste), a estimé mercredi que le commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, reste en tête de la course à la présidentielle, soulignant que le Hezbollah n’a aucune objection à sa candidature. Lors d’une interview accordée à la chaîne locale LBCI, il a affirmé que le Parti socialiste progressiste n’a pas retiré son appui à la candidature à la première magistrature de Michel Moawad, député de Zghorta, "mais lorsque nous avons atteint une impasse, nous avons jugé nécessaire d’envisager d’autres options pour éviter que le pays ne soit entraîné vers le chaos". Il a rappelé que le PSP, dans le cadre de son initiative qu’il a menée auprès des différentes parties pour débloquer la présidentielle, a proposé trois candidats: le général Joseph Aoun, l’ancien ministre Jihad Azour et l’ancien député Salah Honein.

"Si le président de la Chambre Nabih Berry convoquait à une séance parlementaire (pour l’élection d’un président de la République), nous voterons de nouveau Michel Moawad", a assuré M. Saad.

Faisant remarquer que le pays vit dans un chaos "organisé", au vu de la vacance présidentielle et de la paralysie des institutions de l’État, auxquelles s’ajoutent les grèves observées dans les différents secteurs, M. Saad a mis en garde contre des incidents sécuritaires au cas où la vacance présidentielle se prolongeait.

Pour lui, il est clair que "nous ne pourrons pas élire un chef de l’État sans un dialogue et une entente", notant que les candidats actuels sont Joseph Aoun et Sleiman Frangié, chef des Marada. Il a affirmé rejeter tout compromis à cet égard, "d’autant que les six dernières années basées sur des compromis nous ont menées à la situation actuelle". M. Saad faisait référence au sexennat de l’ancien président Michel Aoun, qui a accédé à la première magistrature suite à un compromis entre les Forces libanaises et le Courant patriotique libre.

Interrogé sur la position de l’Arabie saoudite concernant la présidentielle, le député a noté que Riyad ne soutiendra pas un candidat "issu de l’axe de la moumanaa". Il a par ailleurs noté que l’Arabie saoudite "est une force régionale et a des intérêts à l’échelle internationale". "Le dossier libanais n’aura aucun impact sur ses intérêts", a-t-il avancé.

Se penchant sur la cabale menée par la procureure générale près la cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, contre les banques pour blanchiment d’argent, Ragy el-Saad a fait savoir que de telles accusations sont "graves". "Sous le slogan de la protection des déposants, les banques correspondantes pourraient refuser de travailler avec les banques libanaises, ce qui aura un impact dangereux sur les déposants, a-t-il expliqué. Qu’adviendra-t-il des dépôts des gens si le secteur bancaire s’effondrait?".

Le parlementaire a critiqué les pratiques de Ghada Aoun qui "enfreint les lois", "politise la justice" et "ne respecte pas le corps judiciaire". Pour lui, il n’y a d’autres solutions que de la déférer devant l’inspection judiciaire.

Abordant enfin le projet de loi sur le contrôle des capitaux, Ragy el-Saad a souligné que la mouture actuelle du texte ne peut pas être adoptée, sans que ne soient votées les propositions de loi sur la répartition des pertes et la restructuration des banques qui y sont liées.