Le Premier ministre sortant, Najib Mikati, a affirmé samedi que le but de la mesure qu’il avait récemment prise pour freiner la cabale menée par la procureure générale près la cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, contre les banques est de "protéger le secteur bancaire". Mercredi, M. Mikati avait adressé au ministre sortant de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui, un mémorandum l’appelant d’enjoindre aux services de sécurité compétents de ne pas donner suite aux instructions données par Mme Aoun, pour les dossiers à cause desquels elle fait l’objet de recours en dessaisissement ou de prise à partie, c’est-à-dire notamment ceux en rapport avec les banques.

"Qu’il soit clair pour tous, le mémorandum que j’ai adressé (…) avait pour objectif de mettre fin à un processus dangereux qui consiste à exploiter la justice en vue de règlements de compte politique, a déclaré M. Mikati devant ses visiteurs. L’objectif n’était nullement de protéger quiconque ou d’assurer une couverture à des infractions."

"Notre but est de protéger le secteur bancaire qui est l’un des piliers de l’économie", a ajouté M. Mikati, soulignant que l’une de ses priorités est de "restituer l’argent des déposants".

Le chef du cabinet démissionnaire a, en outre, démenti être "indulgent" avec le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé. "J’appelle à appliquer les lois à tous, a-t-il insisté. Que la justice dise son mot. Concernant le dossier de la banque centrale, il existe des règles qui définissent les modalités des nominations, des mises à l’écart et des prises de décisions par le conseil central de la Banque du Liban."

M. Mikati a invité le Conseil supérieur de la magistrature à assumer ses responsabilités et à mettre fin aux infractions commises par certains juges. ""Je n’ai pas l’intention de m’immiscer dans les affaires de la justice, a martelé M. Mikati. J’ai été clair dans le mémorandum, en faisant état de messages que j’ai reçus concernant des infractions commises par certains juges. Compte-tenu de ma stature constitutionnelle et de mon souci de faire appliquer les lois et de préserver le bon déroulement de la justice, j’ai demandé au ministre de l’Intérieur de prendre les mesures nécessaires dans ce sens. Nous protégeons un cycle global dont l’économie, le secteur bancaire et les déposants en sont les piliers."