Le chef des Forces libanaises Samir Geagea a affirmé samedi que son parti continuera sa quête de la vérité au sujet de l’explosion au port de Beyrouth, le 4 août 2020, pour que cette vérité "ne subisse pas le même sort que celle relative à l’attentat contre l’église Notre-Dame de la Délivrance", en 1994.

M. Geagea a participé en fin d’après-midi à la messe organisée par la section du Kesrouan au sein des FL pour la 29ᵉ commémoration de l’attentat contre l’église (Zouk Mikhaël – Kesrouan), qui avait permis aux autorités de l’époque de l’emprisonner en lui imputant la responsabilité des faits, à la faveur d’un procès très contesté.

Dans une allocution qu’il a prononcée pour la circonstance, Samir Geagea a affirmé que les auteurs de l’attentat de 1994 et de l’explosion au port de Beyrouth le 4 août 2020 "sont les mêmes, dans la mesure où ils appartiennent à l’axe de la Moumanaa (Hezbollah-Damas-Téhéran) qui poursuit sa politique du blocage".

Il a cependant établi une distinction entre les deux, lorsqu’il a souligné qu’en 1994, le but de l’enquête était d’attribuer la responsabilité de l’attentat aux Forces libanaises, tandis qu’aujourd’hui, "ils font tout pour empêcher l’enquête de se poursuivre". "Mais c’est compter sans la détermination du second juge d’instruction nommé (Tarek Bitar), après le premier qui avait été poussé à la démission", a-t-il dit, en se félicitant de ce que M. Bitar "insiste pour poursuivre ses investigations malgré toutes les pressions".

L’attentat contre l’église Notre-Dame de la Délivrance, le 27 février 1994, avait fait 11 morts et une cinquantaine de blessés. Le Liban étant sous tutelle syrienne à l’époque, les autorités libanaises proches de Damas avaient alors accusé Samir Geagea et les Forces libanaises d’être les instigateurs et les auteurs de cet attentat. Le parti avait été dissout et Samir Geagea arrêté. Il a été ensuite condamné à la perpétuité pour d’autres crimes que le régime sécuritaire syro-libanais lui avait attribués durant trois procès politisés et contestés. Ironie de l’histoire, un non-lieu a été prononcé en faveur de Samir Geagea dans cette affaire.

Dans son allocution, le chef des FL a d’ailleurs rappelé que deux mois avant l’attentat, le président de l’époque, Élias Hraoui, l’avait averti par le biais d’un émissaire que l’occupant syrien voulait se débarrasser de lui et lui avait conseillé de quitter le pays avec son épouse Sethrida Geagea.