Les Libanais attendent presque avec impatience les résultats du rapprochement saoudo-iranien, notamment son impact sur la présidentielle. L’entente scellée vendredi entre Téhéran et Riyad ouvrira-t-elle devant Sleiman Frangié la voie vers Baabda ou, au contraire, poussera-t-elle ceux qui l’ont soutenu à lui trouver un remplaçant?

Pour l’instant, il reste difficile de répondre à cette question. Toutefois, de sources proches du tandem Amal-Hezbollah, on estime que le rapprochement saoudo-iranien serait au profit de M. Frangié. Surtout, analyse-t-on de mêmes sources, que les contacts sont maintenus entre l’Arabie saoudite et le président du Parlement, Nabih Berry, par l’intermédiaire de l’ambassadeur Walid Boukhari, qui a été reçu lundi soir à Aïn el-Tiné.

À un moment donné, il a été même question d’une visite de Nabih Berry à Riyad, mais le flou persiste autour de cette question, sachant que le président de la Chambre est prêt pour une telle visite.

Cela dit, il reste que le dossier de la présidentielle n’est pas une priorité dans l’entente scellée entre l’Iran et l’Arabie saoudite. Le dossier au cœur de cet accord, qui concerne quand même directement le Liban, est celui du Hezbollah et de son rôle de bras militaire des Gardiens de la révolution islamique dans de nombreux pays de la région.

De sources qui suivent de près les pourparlers entre l’Iran et l’Arabie saoudite, on souligne que tout progrès réalisé au niveau de l’affaiblissement du rôle du Hezbollah dans la région – notamment au Yémen, en Irak et en Syrie –, ne pourra que se refléter positivement sur la scène politique libanaise. D’emblée, le parti chiite sera privé d’une plateforme et du pouvoir dont il se sert au Liban pour attaquer les pays arabes, et plus particulièrement ceux du Golfe.

De ce fait, la politique de distanciation, restée longtemps lettre morte, pourrait finalement être appliquée et, par voie de conséquence, la problématique du choix de tel ou tel autre candidat à la tête de l’État pourrait être résolue, estime-t-on de mêmes sources. Ce candidat sera alors en mesure de recueillir les 86 voix parlementaires requises pour son élection. Un règlement du dossier de la présidentielle favorisera aussi celui de la formation d’un nouveau gouvernement. L’important est que celui-ci soit apte à communiquer aussi bien localement qu’internationalement.

On indique cependant, de mêmes sources, que les retombées de l’entente saoudo-iranienne sur le dossier libanais ne se manifesteront pas aussi rapidement que certains le souhaitent. L’Arabie saoudite tient à accorder le temps nécessaire à ce qui est considéré comme étant un test des intentions iraniennes. Le Royaume attendrait de voir comment la situation se développera sur le terrain, à commencer par le Yémen et pour finir au Liban.

À ce stade, Riyad ne compte absolument pas offrir à Téhéran un lot de consolation, car pour le moment, le principe adopté s’établit sur un échange de démarches.

Toujours selon ces sources, on croit savoir aussi que ce développement majeur au niveau des rapports saoudo-iraniens aurait encouragé la France à essayer de relancer son initiative de promouvoir Sleiman Frangié à la présidence, en échange de la nomination d’une figure proche de l’Arabie saoudite à la tête du gouvernement.

De mêmes sources, on ne s’étonnera pas de voir Paris s’activer dans les prochains jours en direction de Riyad et de Téhéran pour discuter de plusieurs dossiers, y compris celui du Liban.