Le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, se rendra mercredi au Koweït pour une visite officielle. Celle-ci sera la première visite effectuée par le leader druze à un pays du Golfe depuis plusieurs mois.

Le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a espéré mardi que le rapprochement irano-saoudien aboutisse à un compromis au Liban menant à l’élection d’un président de la République avant le mois de juin.

Dans une interview accordée à la chaîne de radio "La Voix du Liban", le leader druze a qualifié la reprise des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et l’Iran, le 10 mars dernier, de "grand événement", indiquant que cette démarche a "surpris tout le monde".

M. Joumblatt a par ailleurs estimé que le clivage sunnite-chiite était provoqué et que les organisations terroristes d’al-Qaëda et des Talibans ont été créées par les Américains afin de combattre le communisme lors de l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS.

"L’État islamique, selon le chef du PSP, est un gros mensonge qui avait pour but de faire passer les sunnites pour des terroristes", a-t-il estimé. Évoquant la guerre en Syrie, le leader druze a déclaré que des intérêts internationaux ont empêché que la révolution syrienne de 2011 réussisse. "Si elle avait été soutenue, elle aurait réussi, mais certains l’ont gâchée de l’extérieur et de l’intérieur de la Syrie, lorsque le régime a libéré des milliers de voyous des prisons. Ceux-ci en ont fait une révolution sanglante et communautaire", a dénoncé Walid Joumblatt.

Plus encore, le rapprochement arabo-syrien n’a pas échappé au leader de Moukhtara qui a précisé "qu’il fallait tenir compte de l’avenir du peuple syrien à l’intérieur de la Syrie et à l’étranger", rappelant que la moitié du peuple syrien est éparpillée dans plusieurs pays avoisinants. "Le retour de la Syrie dans le giron arabe serait une erreur si Damas n’applique pas les réformes et ne respecte pas les garanties vis-à-vis du peuple syrien". Il a également assuré que la relation entre Moukhtara et Damas ne sera plus jamais comme auparavant.

Abordant le dossier libanais à la lumière des derniers développements régionaux, M. Joumblatt a exclu un changement de système politique au Liban, affirmant son attachement aux accords de Taëf de 1989 et proposant d’appliquer intégralement son texte et de le faire évoluer.

Se penchant sur l’échéance présidentielle, le chef du PSP a déclaré qu’"aucune partie ne peut imposer un candidat à l’autre" indiquant qu’il opterait, au stade actuel, pour un candidat de compromis ayant un projet économique. "L’accord irano-saoudien est un événement important qui dépasse ma proposition, celle du président de la Chambre, Nabih Berry, et celle du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, car il aura une portée immense sur la région". Et M. Joumblatt de poursuivre: "Je n’ai pas de réponse concernant la date d’élection d’un président, mais il faut sans doute rapprocher les différents points de vue".

En ce qui concerne la double explosion survenue au port de Beyrouth le 4 août 2020, le chef du PSP a estimé que l’enquête demeure paralysée à cause du clivage interne libanais, soulignant que certains pays ne veulent pas que la vérité autour des circonstances de l’explosion soit révélée. "Une enquête internationale est impossible" a-t-il affirmé, rappelant que son parti avait demandé la mise en place d’une commission d’établissement des faits, mais sans que cette demande trouve un écho favorable.