Le patriarche maronite Béchara Raï ne cache pas sa préoccupation concernant l’avenir du Liban et le sort de son peuple, notamment des chrétiens, alors que le pays s’effondre davantage quotidiennement. Bien que l’appel au dialogue adressé aux députés chrétiens pour débloquer la présidentielle ait échoué en raison du rejet de certains grands blocs, le patriarche a invité samedi les députés chrétiens à une retraite spirituelle de prières le 5 avril à Harissa. Un moyen de contourner les rejets, notamment celui des Forces libanaises.

Selon des informations obtenues par Ici Beyrouth, le bloc parlementaire des FL doit se réunir lundi prochain et devrait prendre une décision concernant sa participation à cette journée.

Libanisation nécessaire de l’échéance

Depuis que le patriarche Raï a entamé une série de contacts et de rencontres avec des ambassadeurs de pays influents, il a compris que le Liban n’est pas le nombril du monde comme certains le pensent, et que les Arabes et l’Occident ne sont pas disposés à intervenir au Liban, occupés par des crises majeures, alors que le Liban est un petit détail. À chaque visite de Béchara Raï à l’étranger, le même discours blâmant les responsables libanais lui est réitéré: " Entendez-vous entre Libanais et nous vous aiderons "

La préoccupation du Saint-Siège

Mais,le Vatican voit différemment les choses. Les Libanais sont convaincus que le Saint-Siège ne laissera pas tomber le Liban. Depuis le Synode libanais de 1994 à 1997 et la place importante du Liban durant le Synode pour le Moyen-Orient, le Liban est au centre de l’attention du Vatican, pour au moins deux raisons principales: la présence chrétienne au Liban et le rôle politique, économique, éducatif et social des chrétiens qui affecte la présence chrétienne au Moyen-Orient. Une présence essentielle pour le dialogue interreligieux et interculturel entre l’Occident et l’Orient.

La seconde raison est la vague d’émigration des Libanais à cause de l’effondrement du pays, en particulier des chrétiens. La préoccupation du Vatican est renforcée par la migration des cadres qui ont un rôle prépondérant dans les différents secteurs. Cela conduit à la perte de compétences et d’expertise dans ces secteurs pour reconstruire et promouvoir le pays.

La visite du Premier ministre sortant Najib Mikati au Vatican, jeudi dernier, a permis au pape d’exprimer une nouvelle fois son intérêt pour le Liban, mettant l’accent sur l’importance de l’élection d’un président. Des sources diplomatiques proches du Saint-Siège ont affirmé à l’agence al-Markaziya que " le Vatican est profondément conscient du fait que le peuple libanais a été victime d’un crime contre l’humanité en lui volant ses capacités humaines, plus particulièrement lors du crime du port de Beyrouth et l’interruption de l’enquête dans une logique de destruction de l’État ".

Et d’ajouter : "Régler les problématiques de violation de la souveraineté, de transformation du Liban en une arène de conflits régionaux, de corruption et de surenchère par les armes doit faire partie du déblocage de la situation, sinon cela ne sera que de la poudre aux yeux. L’élection d’un président de la République est essentielle, mais pas au détriment de l’identité de la République et du message du Liban".

Concernant le rôle des chrétiens au Liban et au Moyen-Orient, le Vatican est clair, selon les sources précitées: " L’alliance des minorités, l’adhésion aux dictatures et les milices qui protègent soi-disant les chrétiens sont des voies destructrices". Et de conclure : "Le retour à la Constitution, aux résolutions internationales et à l’esprit souverain d’entente interreligieuse est fondamental, tout comme les réformes globales ".