Qui ne dit mot consent… Les indiscrétions qui pullulent çà et là concernant la proposition officielle française qui permettrait de débloquer la présidentielle n’ont suscité de la part de Paris aucune réaction ou mise au point, ne fut-ce que par le biais d’une quelconque «source» médiatique ou officieuse (même si une telle pratique n’est pas très courante en Occident). D’où les commentaires critiques qui fusent à cet égard dans plus d’un milieu local et régional.
La sortie de crise qui semble être suggérée par l’Élysée prévoirait l’élection d’un président de la République qui relèverait de la mouvance du Hezbollah et du camp des mollahs iraniens (en l’occurrence le chef des Marada, Sleiman Frangié) en contrepartie de la désignation d’un Premier ministre proche du camp souverainiste du 14 Mars. Une proposition qui pourrait séduire un observateur étranger, ignorant tout des réalités libanaises profondes. Sauf qu’elle ne constitue rien d’autre qu’un remake de l’élection présidentielle de 2016 (sans commentaires!) et, pire encore, elle aurait pour fondement soit la «bonne foi» de la formation inféodée aux pasdarans soit un obscur «accord» négocié avec elle en coulisses. Soit les deux en même temps.
Le sort d’un pays et de tout un peuple étant véritablement en jeu aujourd’hui à l’aune du contexte régional et international actuel, quelques petits rappels fondamentaux et élémentaires s’imposent plus que jamais…
Le président de la République au Liban est «élu» (excusez l’abus de langage!) pour une période de six ans et il est durant son mandat pratiquement inamovible. Le maintien au pouvoir d’un Premier ministre et sa capacité à exercer pleinement ses fonctions sont, par contre, pleinement tributaires d’un jeu parlementaire et d’un rapport de force par essence conjoncturel et éphémère. L’expérience du sexennat de Michel Aoun a montré à quel point le chef de l’État peut bloquer la formation d’un gouvernement et même torpiller l’action du Premier ministre, surtout si le président est soutenu par un parti tel que le Hezbollah. Moustapha Adib, désigné Premier ministre en 2020, pourrait, entre autres, en témoigner. Fortement soutenu par l’Élysée et connu pour son indépendance et sa loyauté envers le Liban (donc ne faisant pas partie de la mouvance du Hezbollah…), il a été forcé à se récuser du fait de la position obstructionniste du locataire de Baabda de l’époque. Un chef de gouvernement étranger à la mouvance du parti pro-iranien, appuyé fermement par la France, et un président allié au Hezbollah: un cas de figure en tous points identique à celui actuellement prôné par Paris. Or l’aboutissement de l’expérience (avortée) tentée avec M. Adib est encore présent dans notre mémoire, illustrant le caractère irréaliste – pour le moins qu’on puisse dire – de la proposition française.
Pis encore: de nombreux épisodes de ces dernières années ont illustré à quel point le parti pro-iranien n’a que faire de sa parole donnée, accordant la priorité absolue – comme le dicte sa doctrine politique – aux intérêts stratégiques du pouvoir des mollahs iraniens. Au lendemain de l’explosion du 4 août 2020, l’Élysée ne s’est-il pas lancé, dans le sillage des fameuses assises à la Résidence des Pins, et sur base d’un engagement clair du Hezbollah, dans le projet de formation d’un gouvernement indépendant des partis politiques, qui devait être présidé précisément par M. Adib? On connaît la suite…
Les exemples de ce manque total de respect des promesses tenues par le Hezbollah sont légion. Lors de la conférence de Doha de 2008, tenue après le coup de force milicien à Beyrouth-Ouest (et à Moukhtara!), la formation pro-iranienne avait donné son aval à un règlement global prévoyant, entre autres, qu’aucune faction ne devrait provoquer la chute du gouvernement qui devait être formé sous la présidence de Saad Hariri, après l’élection de Michel Sleiman à la présidence de la République. Cet engagement solennel, pris sur base d’un parrainage arabe et international, n’a évidemment pas été respecté par le Hezbollah. En juin 2012, le parti chiite devait en outre signer, au terme d’une conférence organisée par le président Sleiman, la fameuse Déclaration de Baabda qui adopte le principe de la non-ingérence dans les conflits régionaux. Quelques jours plus tard, le Hezbollah retirait sa signature de ce document, reconnu officiellement par les instances arabes et internationales.
Tant que les pasdarans n’auront pas été contraints, d’une manière ou d’une autre, de mettre un terme à leur stratégie expansionniste tentaculaire au Moyen-Orient, tout «accord» convenu avec le parti de Dieu ne constituera qu’un marché de dupes. Du moins pour les Libanais… Le pays du Cèdre est-il encore en mesure de se permettre sur ce plan des expériences douteuses qui ont rapidement fait chou blanc par le passé?
La sortie de crise qui semble être suggérée par l’Élysée prévoirait l’élection d’un président de la République qui relèverait de la mouvance du Hezbollah et du camp des mollahs iraniens (en l’occurrence le chef des Marada, Sleiman Frangié) en contrepartie de la désignation d’un Premier ministre proche du camp souverainiste du 14 Mars. Une proposition qui pourrait séduire un observateur étranger, ignorant tout des réalités libanaises profondes. Sauf qu’elle ne constitue rien d’autre qu’un remake de l’élection présidentielle de 2016 (sans commentaires!) et, pire encore, elle aurait pour fondement soit la «bonne foi» de la formation inféodée aux pasdarans soit un obscur «accord» négocié avec elle en coulisses. Soit les deux en même temps.
Le sort d’un pays et de tout un peuple étant véritablement en jeu aujourd’hui à l’aune du contexte régional et international actuel, quelques petits rappels fondamentaux et élémentaires s’imposent plus que jamais…
Le président de la République au Liban est «élu» (excusez l’abus de langage!) pour une période de six ans et il est durant son mandat pratiquement inamovible. Le maintien au pouvoir d’un Premier ministre et sa capacité à exercer pleinement ses fonctions sont, par contre, pleinement tributaires d’un jeu parlementaire et d’un rapport de force par essence conjoncturel et éphémère. L’expérience du sexennat de Michel Aoun a montré à quel point le chef de l’État peut bloquer la formation d’un gouvernement et même torpiller l’action du Premier ministre, surtout si le président est soutenu par un parti tel que le Hezbollah. Moustapha Adib, désigné Premier ministre en 2020, pourrait, entre autres, en témoigner. Fortement soutenu par l’Élysée et connu pour son indépendance et sa loyauté envers le Liban (donc ne faisant pas partie de la mouvance du Hezbollah…), il a été forcé à se récuser du fait de la position obstructionniste du locataire de Baabda de l’époque. Un chef de gouvernement étranger à la mouvance du parti pro-iranien, appuyé fermement par la France, et un président allié au Hezbollah: un cas de figure en tous points identique à celui actuellement prôné par Paris. Or l’aboutissement de l’expérience (avortée) tentée avec M. Adib est encore présent dans notre mémoire, illustrant le caractère irréaliste – pour le moins qu’on puisse dire – de la proposition française.
Pis encore: de nombreux épisodes de ces dernières années ont illustré à quel point le parti pro-iranien n’a que faire de sa parole donnée, accordant la priorité absolue – comme le dicte sa doctrine politique – aux intérêts stratégiques du pouvoir des mollahs iraniens. Au lendemain de l’explosion du 4 août 2020, l’Élysée ne s’est-il pas lancé, dans le sillage des fameuses assises à la Résidence des Pins, et sur base d’un engagement clair du Hezbollah, dans le projet de formation d’un gouvernement indépendant des partis politiques, qui devait être présidé précisément par M. Adib? On connaît la suite…
Les exemples de ce manque total de respect des promesses tenues par le Hezbollah sont légion. Lors de la conférence de Doha de 2008, tenue après le coup de force milicien à Beyrouth-Ouest (et à Moukhtara!), la formation pro-iranienne avait donné son aval à un règlement global prévoyant, entre autres, qu’aucune faction ne devrait provoquer la chute du gouvernement qui devait être formé sous la présidence de Saad Hariri, après l’élection de Michel Sleiman à la présidence de la République. Cet engagement solennel, pris sur base d’un parrainage arabe et international, n’a évidemment pas été respecté par le Hezbollah. En juin 2012, le parti chiite devait en outre signer, au terme d’une conférence organisée par le président Sleiman, la fameuse Déclaration de Baabda qui adopte le principe de la non-ingérence dans les conflits régionaux. Quelques jours plus tard, le Hezbollah retirait sa signature de ce document, reconnu officiellement par les instances arabes et internationales.
Tant que les pasdarans n’auront pas été contraints, d’une manière ou d’une autre, de mettre un terme à leur stratégie expansionniste tentaculaire au Moyen-Orient, tout «accord» convenu avec le parti de Dieu ne constituera qu’un marché de dupes. Du moins pour les Libanais… Le pays du Cèdre est-il encore en mesure de se permettre sur ce plan des expériences douteuses qui ont rapidement fait chou blanc par le passé?
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