La 17e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris a émis un verdict en faveur d’Antoun Sehnaoui, PDG de la SGBL, dans une affaire de diffamation publique impliquant Benjamin Barthe, journaliste, et Louis Dreyfus, président du directoire du groupe Le Monde.

La 17e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris a rendu mardi son verdict dans l’affaire de la plainte déposée par Antoun Sehanoui, PDG de la SGBL, contre Benjamin Barthe, journaliste, et Louis Dreyfus, président du directoire du groupe Le Monde, pour "diffamation publique envers un particulier". La 17e chambre a ainsi mis un terme, de manière claire et sans équivoques, à la vaste campagne de calomnies et de désinformation télécommandée pour porter atteinte au secteur bancaire et nuire notamment à la réputation du PDG de la SGBL.

Dans cet article, intitulé Liban: dans les rouages de l’économie de l’ombre et paru sur le site du groupe Le Monde le 22 novembre 2019, Benjamin Barthe avait affirmé que "le PDG de la SGBL, Antoun Sehanoui, l’une des grandes fortunes du pays, a bénéficié d’un non-lieu dans l’affaire dite de la Maison Blanche". Il s’était basé pour le faire sur une interview que lui avait accordée Nizar Saghiyé, avocat et un habitué des manœuvres d’acharnement infondées à l’encontre d’Antoun Sehnaoui et du système bancaire.

Dans son long verdict, la 17e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris est revenue sur la teneur de l’article qui fait l’objet de la plainte et le contexte de sa publication, notamment le début du mouvement de contestation du 17 octobre 2019 et la démission, treize jours plus tard, du gouvernement alors présidé par Saad Hariri.

La 17e chambre correctionnelle rappelle ainsi que dans cet article, le journaliste "décrit l’ampleur de la corruption au Liban, 138e pays sur 180 au classement de l’ONG Transparency International (…) et donne la parole à un avocat ayant fondé une ONG luttant contre la corruption, qui la considère comme la règle au Liban", en l’occurrence, M. Saghiyé, directeur de l’ONG Legal Agenda. Ce dernier a, dans la partie consacrée à la corruption au sein du système judiciaire, critiqué la répartition communautaire des hauts magistrats affirmant: "Quand on confessionnalise, on politise (…). Chaque juge sait que l’évolution de sa carrière est entre les mains de son zaïm. Cela les rend potentiellement sensibles aux pressions politiques (…) Quelques affaires enterrées sont restées dans les mémoires. Le PDG de la SGBL, Antoun Sehanoui, l’une des plus grandes fortunes du pays, a par exemple bénéficié d’un non-lieu dans l’affaire dite de la Maison Blanche (…)."

Or, d’après le verdict rendu par la 17e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris, "le lecteur est conduit à comprendre que cette décision de non-lieu, infondée car non autrement justifiée, a nécessairement été obtenue grâce aux pressions exercées sur le juge d’instruction, constitutives des pratiques corruptrices (…), en particulier celles conduisant à la clôture de certains dossiers". "À cela s’ajoute la précision apportée quant à la qualité de celui qui en bénéficie à savoir le PDG de la SGBL et l’une des plus grandes fortunes du pays, qui fait écho aux élites accros à la corruption mentionnées dans le titre et dans l’article et suggère ainsi au lecteur qu’il est à l’origine de la corruption ayant conduit à cette surprenante décision", lit-on dans le verdict.

Le tribunal parisien qui a pris connaissance du dossier de la Maison Blanche a fait remarquer que les faits imputés à Antoun Sehanaoui dans cette affaire "ne sont pas présentés comme une hypothèse, même tangible, mais comme une réalité avérée, l’affaire étant citée comme un exemple emblématique de la corruption sévissant dans la sphère judiciaire au Liban". "À cela s’ajoute que le journaliste a fait le choix de présenter Nizar Saghiyé, comme le directeur de l’ONG Legal Agenda et surtout comme un fin connaisseur du monde judiciaire libanais sans préciser qu’il était partie prenante dans cette affaire pour être l’avocat du plaignant, ce qui aurait pourtant permis au lecteur d’envisager la potentielle subjectivité de son analyse".

"Les conditions de la bonne foi n’étant pas réunies, elle ne sera pas retenue", a ainsi poursuivi la 17e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris, déclarant "Louis Dreyfus et Benjamin Barthe coupables de diffamation envers un particulier".

Le tribunal a condamné Louis Dreyfus à 2.000 euros d’amende et Benjamin Barthe à 500 euros d’amende. Il les a également condamnés à payer, en réparation, à M. Sehnaoui solidairement la somme de 1.000 euros à titre de dommages et intérêts et à lui verser in solidum la somme de 2.000 euros.

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