Chaque Jeudi saint, c’est-à-dire le jeudi qui précède la fête de Pâques, les communautés catholiques suivent le rituel de visitation de sept églises. Pourquoi le fait-on? "L’origine de cette tradition remonte à l’Église primitive à Jérusalem, explique à Ici Beyrouth le père Paul Douaihy. Le fond de cette tradition est de suivre le Christ dans les moments clés de l’histoire de sa vie. Cette nuit est celle du salut, c’est peut-être la plus lourde de sa vie."

Le Jeudi saint, quatrième jour de la Semaine sainte, commémore la Cène, dernier repas du Christ avec ses disciples. Ce jour-là, à la fin de la messe, le prêtre vide le tabernacle de l’eucharistie et le place en reposoir (un autel provisoire destiné à abriter temporairement le saint sacrement en dehors du tabernacle que l’on tient fermé jusqu’au Vendredi saint). D’ailleurs, c’est le seul jour où il n’y a pas de consécration de l’eucharistie.

"La visite des sept églises est une tradition qui a fait son chemin de Jérusalem jusqu’à Rome, avant d’arriver chez nous", poursuit le père Douaihy. "Actuellement, l’Église maronite et de nombreuses paroisses du Liban déploient un effort pour ramener les fidèles vers le vrai sens du moment."

La visitation des sept églises

Le culte de la visitation des sept églises est une sorte de pèlerinage dans différentes églises qui correspondent aux sept endroits où Jésus s’est arrêté entre la Cène et le moment de sa crucifixion: dans le jardin de Gethsémané, devant Annas, devant le grand prêtre Caiaphas, devant Pilate, devant Hérode, de nouveau devant Pilate et enfin la crucifixion.

La tradition de la visite des sept églises a migré vers Rome dans les années 1550. Elle est attribuée à saint Philippe Néri qui accompagnait les fidèles dans les sept basiliques de Rome pour participer à la veillée de Jésus dans le jardin de Gethsémané, où le Christ a connu l’agonie, la dépression et la peur. Conscient de l’issue, il a renoncé à ses désirs pour voir s’accomplir la volonté du Père.

Les traditions libanaises

"Comme les maronites ont historiquement été en communion avec Rome, la tradition s’est naturellement déplacée vers nous", souligne le père Antoine Assaf, prêtre de l’église Saint-Élie, à Kantari. "Mais le plus important, c’est qu’avec le temps, la tradition est devenue Histoire. C’est parce qu’on le fait chaque année que cet événement acquiert de l’importance", a-t-il poursuivi, sans toutefois en altérer le caractère originel. "Cela contribue à relever le caractère spirituel de la journée. C’est une occasion pour les fidèles de prier plus."

Et le père Assaf de conclure: "C’est aussi un événement à caractère sociétal dans le sens où il contribue à rapprocher les fidèles. C’est une communion entre les paroisses. C’est comme si tout le monde appartenait à la même église."