Le zaïm du Liban-Nord et candidat " non-déclaré " à la présidence du pays a appelé mercredi soir toutes les parties à trouver un compromis, se présentant comme un faiseur du dialogue, tout en soulignant qu’un président ne peut être élu que grâce à une entente globale.

Au cours d’une longue interview sur la chaîne locale al-Jadeed, l’ancien ministre et chef du parti Marada Sleiman Frangié n’a pas officialisé sa candidature à la présidence de la République puisque au " Liban, aucune loi ne requiert la présentation d’une candidature officielle ". Et, pourtant, le zaïm du Liban-Nord avait l’air d’être en plein entretien de campagne présidentielle, expliquant ce qu’il ferait pour redresser le pays s’il était élu .

Dialogue, le maître-mot

Sleiman Frangié a articulé la première partie de l’interview sur la nécessité de trouver un compromis local et régional à travers un dialogue entre toutes les parties politiques du pays. Il s’est notamment adressé à ses adversaires chrétiens, le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil et celui des Forces libanaises Samir Geagea. Ce dernier avait critiqué Sleiman Frangié au cours de la même émission dimanche dernier.

Malgré ses appels à la discussion, et son engagement " à se rendre lui-même " chez les autres leaders, il n’a pas hésité à lancer plusieurs piques indirectes contre MM. Bassil et Geagea, ainsi qu’à l’ancien président de la République, Michel Aoun. " Si je suis impuissant et combattu par mes propres alliés, je démissionnerai, sans dire que l’on m’a empêché de travailler " a répété le zaïm à plusieurs reprises. Michel Aoun et son gendre Gebran Bassil ont justifié les échecs du dernier mandat présidentiel en accusant les autres responsables politiques de les avoir empêchés de réaliser leurs réformes et leur prétendu lutte anti-corruption. Il a tout de même proposé au chef des FL de se réunir en tête-à-tête au patriarcat maronite à Bkerké.

S’il est élu, Sleiman Frangié a indiqué qu’il souhaite que le gouvernement soit composé de pôles politiques qui puissent directement prendre des décisions sans devoir se référer à leurs supérieurs. Il a également précisé que tout doit être discuté autour d’une table, même le dossier des armes du Hezbollah et de la stratégie de défense " qui nécessite une atmosphère régionale propice ". " Je suis politiquement issu du camp du 8 mars (pro-Hezbollah, NDLR) mais si je suis élu, je serai à égale distance de tout le monde et le président de tous les Libanais " a précisé Sleiman Frangié.

Des échos saoudiens rassurants

Le chef des Marada est revenu sur son séjour à Paris et sa rencontre avec Patrick Durel, conseiller du président français pour les affaires moyen-orientales. " Nous avons discuté pendant une demi-heure dans un hôtel parisien, j’ai répondu à ses questions avant qu’il ne se rende à Riyad ", a précisé le " non-candidat ", soulignant " ne pas avoir fait de promesses intenables ".

Concernant le royaume saoudien, Sleiman Frangié a assuré qu’aucun président ne peut gouverner en étant en confrontation avec l’Arabie saoudite, tout comme avec l’Iran. " Je n’irais pas au Parlement étant un candidat de confrontation avec d’autres pays, notamment l’Arabie ", a-t-il précisé, " même élu avec 80 voix (65 en sont nécéssaire au deuxième tour, NDLR), si l’Arabie saoudite n’est pas prête à soutenir le prochain président, il ne pourra pas gouverner ". En réponse à une question, M. Frangié a assuré que des échos positifs lui parviennent du royaume wahhabite depuis la visite de Patrick Durel à Riyad.

Au sujet du régime syrien, Sleiman Frangié a affirmé que sa relation personnelle est claire avec Damas et le président Bachar el-Assad, soulignant qu’il refuse de "comploter avec la Syrie contre le Liban", notamment au sujet des réfugiés syriens. Et d’ajouter : " Utilisez ma relation avec Bachar el-Assad pour trouver une solution au dossier de la crise des déplacés syriens au Liban."

Dans son optique de dialogue local et régional, Sleiman Frangié s’est positionné comme le meilleur candidat pour la présidence selon lui, parce qu’" ayant une chose que les autres n’ont pas, la confiance du Hezbollah et de Bachar el-Assad ". Et de poursuivre : " La France a un compromis pour la présidentielle que je trouve pragmatique et réaliste. La présidentielle n’est pas une bataille de voix, il faut que tout le monde soit inclus dans l’entente. "