Les Libanais de France et l’option Frangié de Macron
Les Libanais de France, ou du moins une grande partie d’entre eux, ont accueilli avec circonspection, voire avec de fortes réserves, l’initiative du président Emmanuel Macron concernant la présidentielle libanaise et mettent en cause l’approche du chef de l’État français sur ce plan. Nombre de cadres supérieurs, de journalistes et d’universitaires en contact avec l'équipe de Macron s'interrogent notamment sur le bien-fondé de l'adoption, par cette équipe, de la candidature de Sleiman Frangié, soutenu par le Hezbollah, à la présidence de la République, sans compter les efforts déployés par les milieux de l’Élysée pour convaincre les opposants de changer d'avis, que ce soit au Liban ou dans les pays influents, plus particulièrement l'Arabie saoudite.
Nombre d’expatriés libanais de France ne croient pas aux affirmations de la porte-parole du Quai d’Orsay, Anne-Claire Legendre, qui a déclaré récemment que «Paris n’a pas de candidat au Liban» et que «c’est aux Libanais de choisir leurs dirigeants». Pour ces expatriés, cette position officielle française n’est que de la poudre aux yeux, l’essence de l’attitude de Paris restant inchangée, comme l’illustrent les contacts franco-iraniens qui vont dans ce sens, sans compter la position de Patrick Durel, conseiller à l’Élysée, qui clame à tue-tête le soutien de Paris à Frangié.
D'autres affirment dans ce contexte que l’Élysée s'active pour trouver une solution à la crise politique au Liban et souhaite prévenir l'effondrement du pays et y garantir la stabilité, en collaboration avec des pays qui ont une influence sur la scène libanaise. Cela implique de mettre fin à la vacance présidentielle qui, si elle se prolongeait, pourrait faire voler en éclat l’accord de Taëf, ce qui risquerait de paver la voie à une assemblée constituante dominée par le Hezbollah.

A la lumière de ces données, des Libanais proches du cercle des conseillers de Macron déplorent que les opposants au diktat du tandem chiite sont toujours incapables de se mettre d’accord sur un candidat rassembleur qui pourrait bénéficier des voix des députés de l’opposition, fussent-ils membres de partis ou indépendants. Par conséquent, les sources proches de l’Élysée affirment que la seule issue, à leurs yeux, est de soutenir Frangié, sous réserve qu’il assure les garanties de stabilité et lance le chantier des réformes, en contrepartie de la désignation d’un Premier ministre avalisé par l’opposition, comme l’ambassadeur Nawwaf Salam, à titre d’exemple.
Quoi qu’il en soit, des sources dignes de foi soulignent qu’il serait erroné d’affirmer que l’Arabie saoudite a changé de position concernant la candidature de Frangié et que le président français aurait réussi à convaincre le prince héritier et homme fort du royaume saoudien, Mohammed ben Salmane (MBS), de lever son véto contre le chef des Marada. Parallèlement, il semble acquis que Riyad ne fera pas pression sur ses alliés au Liban pour avaliser la candidature de Frangié. A cet égard, force est de relever que les positions saoudienne et américaine sont en phase au sujet du dossier de la présidentielle. Et elles se démarquent sensiblement de celles du locataire de l’Élysée.
 
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