À partir de juin, l’État libanais sera dans l’incapacité, non seulement de payer les majorations salariales et les prestations sociales promises aux fonctionnaires, mais aussi leurs salaires, à moins que le Parlement ne se réunisse pour décider de l’ouverture de lignes de crédit à cet effet. C’est ce qu’a annoncé vendredi soir le ministre sortant de l’Information Ziad Makari, à l’issue d’une longue réunion du Conseil des ministres qui s’est étalée sur plus de quatre heures.

L’ordre du jour de cette réunion, à laquelle ont pris part seize ministres, ceux affiliés au Courant patriotique libre (CPL) l’ayant boycottée, comprenait 72 points dont une grande partie revêt un caractère financier.

"Le Conseil des ministres a décidé de verser aux fonctionnaires l’intégralité des allocations supplémentaires approuvées pour le mois de mai, a annoncé M. Makari, donnant lecture aux décisions officielles du Conseil des ministres. Ce paiement sera considéré comme une avance qui sera déduite des prochaines allocations au cas où il s’avère qu’ils n’en n’ont pas droit. Les administrations publiques doivent, de leur côté, fournir au ministère des Finances le nombre de jours de travail de chaque fonctionnaire."

Cela, alors que la Ligue des fonctionnaires a appelé vendredi soir à une grève de deux semaines à partir de lundi. Elle réclame une amélioration de leurs conditions salariales de l’ensemble des fonctionnaires.

M. Makari a en outre souligné que le Conseil des ministres a chargé le ministre sortant des Finances, Youssef Khalil, d’établir un rapport sur l’impact qu’ont sur le pays les poursuites dont fait l’objet à l’étranger le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, ainsi que leurs impacts sur le fonctionnement de la BDL. De son côté, le ministre de la Justice, Henri Khoury, a été chargé de donner un avis légal au niveau de ce dossier.

Le Conseil des ministres a également approuvé la promotion du directeur de la Sûreté générale par intérim, Élias Baissari, du rang de général de brigade à celui de général de division.

Critiques à l’intention du CPL

Interrogé sur les nominations, M. Makari a souligné que celles-ci avaient été ajournées. En ce qui concerne le dossier des déplacés syriens, il a noté qu’il n’a pas encore été décidé de la date de la réunion du Conseil des ministres qui sera consacrée à cette question, sachant qu’à l’ouverture de la réunion, le Premier ministre sortant, Najib Mikati, avait annoncé qu’il convoquerait à une telle réunion, avant la mi-juin, date à laquelle devra se tenir la réunion de Bruxelles sur le dossier des réfugiés syriens.

Dans son intervention, M. Mikati s’en est, par ailleurs, pris sans le nommer au CPL, qui "opte pour le boycott des séances du Conseil des ministres, sans pour autant avancer une explication logique à son attitude". Sur un ton virulent, il a affirmé que "la tenue du Conseil des ministres et le maintien du travail gouvernemental n’est une provocation à personne, encore moins une atteinte au Pacte, au partenariat et à la Constitution".

"Ce qui porte atteinte à la Constitution et au partenariat, c’est le blocage prémédité, aux multiples facettes, suivi depuis des années et l’atermoiement à des fins personnelles, a poursuivi M. Mikati. Ce qui porte un coup à la Constitution et au partenariat, c’est le fait de s’abstenir d’accomplir son devoir national et constitutionnel d’élire un nouveau chef de l’État." Une pratique qui, selon lui, est adoptée "par la partie qui déplore la vacance présidentielle et provoque la paralysie de l’élection présidentielle". "C’est cette même partie qui monte les autorités religieuses et politiques contre le gouvernement, a-t-il ajouté, en allusion claire au CPL. Paradoxalement, c’est cette même partie qui, tout en dénonçant la tenue des réunions du Conseil des ministres, réclame que des articles soient inscrits à l’ordre du jour de ces séances."

Ce discours a poussé le ministre sortant du Tourisme, Walid Nassar, à sortir furieux de la réunion du gouvernement.