Mashari al-Mutairi, le ressortissant saoudien, kidnappé dans la nuit de samedi à dimanche, aurait quitté le Liban, selon des sources rapportées par la chaîne locale MTV, quelques heures après sa libération, mardi matin par des agents des services des renseignements de l’armée. Il a été retrouvé à la frontière libano-syrienne à l’aube, d’après un communiqué de l’armée.

En début d’après-midi, M. Mutairi a été reçu par l’ambassadeur d’Arabie saoudite, Walid Boukhari, qui avait entre-temps reçu le ministre sortant de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui.

Depuis l’annonce, dimanche matin, de l’enlèvement de Mashari al-Mutairi, un employé de la compagnie aérienne saoudienne, les services de renseignements de l’armée ont lancé, en coordination avec les Forces de sécurité, une vaste opération de recherches, qui a été suivi de près par le commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, et M. Maoulaoui.

Selon des sources militaires, une fois que l’itinéraire suivi par les ravisseurs a pu être découvert et qu’une partie d’entre eux a pu être identifiée, des patrouilles de l’armée, composées chacune d’une vingtaine de personnes, ont effectué des perquisitions à Hay el-Charawné à Baalbeck, et interpellé des membres de la famille des ravisseurs identifiés, pour faire pression sur ces derniers, tous des Libanais. Certains sont de la famille Jaafar. Quant au cerveau de l’opération, Moussa A. il a été localisé, mais n’a pas pu être arrêté parce qu’il se trouve en territoire syrien.

Les ravisseurs avaient réussi à faire passer leur victime en territoire syrien, mais ont dû la relâcher lorsque leurs proches ont été arrêtés à Hay el-Charawné. Le but de l’enlèvement, indique-t-on de mêmes sources, est d’ordre purement financier. L’armée a réussi à arrêter 12 personnes au cours de perquisitions subséquentes à la libération de la victime, au niveau de la frontière libano-syrienne.

Celles-ci se sont poursuivies dans la journée à Hay el-Charawné, où des usines de fabrication de Captagon ont été découvertes.

Les faits

Dans les faits, Machari el-Mutairi avait été enlevé dans la nuit de samedi à dimanche dans le centre-ville de Beyrouth par des éléments armés dans deux voitures volées avec, à bord, sept personnes.

Les services de renseignements de l’armée, ayant réussi à en identifier quatre, ont perquisitionné leurs domiciles. D’après le communiqué de l’armée, trois des sept ravisseurs étaient en treillis alors qu’ils ne font pas partie de l’institution. Le téléphone portable de la victime avait pu être localisé grâce aux données des télécommunications, d’abord au niveau du front de mer de Beyrouth, ensuite dans la banlieue sud, puis à Dahr el-Baydar avant d’en perdre toute trace.

Réactions et déclarations

Après l’annonce de la libération de M. Mutairi, l’ambassadeur Walid Boukhari a rendu hommage au commandement de l’armée, aux Forces de sécurité intérieure et aux services de renseignements. M. Boukhari a aussi salué la coopération entre toutes les parties parmi lesquelles le ministère de l’Intérieur et le commandant de l’armée.

Un peu plus tard dans la matinée, et à l’issue d’une rencontre avec Bassam Maoulaoui, il a déclaré que les événements "confirment l’engagement des autorités libanaises à fournir les conditions appropriées au tourisme dans le pays et attirer les touristes". "Nous avons traversé 48 heures difficiles", a-t-il poursuivi, affirmant que "la communication avec les services de sécurité était permanente".

En soirée, M. Boukhari a affirmé, sur son compte Twitter, que "la sécurité des ressortissants saoudiens est une priorité à laquelle nous ne pouvons renoncer". "Nous ne pouvons pas non plus y faire des concessions", a-t-il insisté.

Pour sa part, M. Maoulaoui a assuré que la justice libanaise suivra ce crime avec attention. "Nous soulignons que ceci n’affectera pas la relation solide et consacrée entre le Liban et l’Arabie saoudite", a-t-il poursuivi.

Le Premier ministre sortant, Najib Mikati, a réaffirmé sa détermination à préserver la sécurité des Libanais et des ressortissants étrangers au Liban. Il a félicité l’armée pour l’effort qu’elle a déployé afin de libérer le citoyen saoudien et d’arrêter les personnes impliquées dans l’enlèvement. Et M. Mikati de poursuivre: "Nous sommes attachés au retour de nos frères arabes au Liban et voulons empêcher l’utilisation du territoire libanais pour toute action qui pourrait menacer la sécurité et l’intégrité territoriale des États arabes."

Messages de félicitations à l’armée

La libération du ressortissant saoudien a suscité maintes réactions favorables. Tous ceux qui se sont exprimés sur le sujet ont rendu un vibrant hommage aux forces régulières ainsi qu’aux agents de l’ordre.

Le président du Parlement, Nabih Berry, a appelé les autorités sécuritaires à "poursuivre leurs activités pour arrêter toute personne impliquée" dans le cadre de cette affaire.

"L’institution militaire a une fois de plus prouvé qu’elle est garante de la stabilité et qu’elle représente l’image positive du Liban", a déclaré de son côté le député Achraf Rifi.

Quant au député Ragy el-Saad, il a exprimé l’espoir, dans un commentaire sur son compte Twitter, que la libération de M. Mutairi, "soit le début d’un processus qui atteindra d’autres gangs de kidnappeurs connus".

Nadim Gemayel, député Kataëb, a félicité l’armée en espérant qu’elle continue sur la lancée pour arrêter les assassins de Lokman Slim, Salim Ayyash et Hachem Selman ainsi que les ravisseurs de Joseph Sader.

Le député Razi el-Hage, membre du Bloc de la République forte, a exprimé, sur son compte Twitter, "l’espoir que le Liban se libère de ses ravisseurs".

Le chef des Kataëb, Samy Gemayel, a demandé que les sanctions les plus sévères soient infligées aux ravisseurs, ainsi qu’aux commanditaires de l’enlèvement "pour éviter que ce genre d’actes se reproduise et pour barrer la voie à toute velléité d’entraîner le pays sur la voie d’une instabilité, à l’approche de la saison d’été".