Les activistes William Noun et Peter Bou Saab, dont les frères ont été tués dans la double explosion au port de Beyrouth le 4 août 2020, comparaîtront mercredi devant la police. Les deux jeunes hommes, convoqués au commissariat de Verdun, doivent répondre des dégâts qu’ils ont occasionnés au Palais de Justice lors de la manifestation organisée le 1er juin devant le bâtiment pour dénoncer le blocage de l’enquête. William Noun et Peter Bou Saab avaient alors mis le feu à des pneus qu’ils ont lancés en direction du Palais de Justice.

"Cette affaire a pris des proportions démesurées dans le but d’intimider les accusés", explique à Ici Beyrouth l’avocat des deux jeunes hommes, Ralph Tannous.

"Les pompiers présents lors de la dernière manifestation sont également convoqués à titre de témoins, ajoute Me Tannous. Ils devraient être interrogés sur les raisons pour lesquelles ils ne sont pas intervenus pour éteindre les flammes – alors qu’elles étaient déjà éteintes. C’est comme si l’on voulait accuser les familles des victimes de l’explosion au port d’avoir empêché les pompiers d’intervenir."

William Noun et Peter Bou Saab ne seront pas seuls. Simultanément à l’interrogatoire, qui débutera à 10h et devrait prendre fin à 14h, un appel à un sit-in de solidarité est prévu devant le commissariat.

Une délégation des familles chez Audi

"Bien sûr que nous nous présenterons au commissariat de Beyrouth, a affirmé William Noun. Ce que nous avons fait n’est pas une honte."

M. Noun, s’exprimant à l’issue d’une rencontre avec le métropolite de Beyrouth, Élias Audi, a souligné que celui-ci a fait part de "tout son soutien" à cette cause. "Il préfère toutefois que la voie légale soit suivie, loin de la violence", a ajouté le jeune activiste, qui a été reçu par le métropolite aux côtés d’une délégation des familles des victimes.

Soulignant que les familles ont fait part à Mgr Audi de leur point de vue, William Noun a affirmé que "tant que le besoin de manifester se présentera, nous manifesterons".

Par ailleurs, William Noun a salué la nomination lundi du juge Habib Rizkallah pour examiner les poursuites engagées par le procureur général près la Cour de cassation, le juge Ghassan Oueidate, contre le juge chargé d’instruire l’affaire de la double explosion au port de Beyrouth, le juge Tarek Bitar, pour "usurpation d’identité".