Le député Marwan Hamadé, (Chouf), a assuré que " Bachar el-Assad ne retournera pas à Baabda ", dans une claire allusion à la volonté de la coalition parlementaire (opposition-CPL-PSP et indépendants) de barrer la voie à l’accession à la tête de l’État d’une personnalité du camp du 8 Mars, proche de l’axe Syrie-Iran.

Dans une interview sur les ondes de " Radio Liban libre ", le député du groupe parlementaire de la Rencontre démocratique de Taymour Joumblatt, a expliqué les facteurs qui ont poussé le bloc joumblattiste à soutenir sans hésitation la candidature de l’ancien ministre des Finances, Jihad Azour, à la présidence de la République et a accusé le Hezbollah de manœuvrer.

" Voter pour Jihad Azour a été la décision la plus facile et la plus rapide que nous ayons jamais prise parce qu’elle n’est pas ponctuelle et qu’elle est une réaction à l’expérience Michel Aoun ", l’ancien président de la République, a déclaré M. Hamadé. Ce dernier était le candidat du tandem Amal-Hezbollah qui a bloqué le pays et ses institutions pendant deux ans et demi avant d’entraîner l’opposition vers un consensus qui a permis à ce dernier d’accéder à la tête de l’Etat, en 2016.

Aujourd’hui, Amal et le Hezbollah essaient de rééditer le même scénario avec leur candidat, le chef des Marada, Sleiman Frangié.

M. Hamadé a rappelé à ce propos que son bloc a " essayé de trouver d’autres alternatives lorsqu’il a constaté que la candidature du député de l’opposition, Michel Moawad, faisait l’objet de plusieurs vetos ". " Nous avions été les premiers à proposer au Hezbollah les noms du commandant en chef de l’armée (le général Joseph Aoun) et de Jihad Azour, avec d’autres. Mais nous avions compris avec le temps qu’une entente avec cette formation se limite à Sleiman Frangié et que le choix du nouveau président n’est pas négociable avec lui. Nous nous sommes quand même accrochés à nos propositions et nous avons lancé des concertations avec toutes les parties. Mais le temps pressait et il fallait choisir un nom ", a-t-il raconté, en établissant une distinction entre " l’amitié avec Sleiman Frangié et la politique ". " Nous ne ramènerons pas Bachar el-Assad à Baabbda ", a-t-il dit en allusion à l’amitié entre le chef des Marada et le président syrien.

Le Parti socialiste progressiste avait annoncé jeudi que son bloc parlementaire votera pour Jihad Azour lors de la séance prévue mercredi prochain.

M. Hamadé a insisté ensuite sur le fait que Jihad Azour n’est pas un candidat de défi " et que son groupe politique " n’est en confrontation avec personne ". " Ce sont les autres (Amal et le Hezollah) qui sont engagés dans une confrontation et qui s’en prennent à ceux qui ont fait leur choix ", a-t-il ajouté.  " Nous opérerons selon nos convictions, et si Frangié est élu avec une majorité claire, nous nous inclinerons devant ce choix, mais nous ne permettrons pas qu’" ils " (Amal et le Hezbollah) fassent sauter le quorum " de la séance parlementaire électorale du mercredi 14 juin.

Pour M. Hamadé, il est évident que le tandem " n’a pas de plan B ", et espère faire élire M. Frangié, sachant que ce dernier est incapable d’obtenir la majorité des voix parlementaires au premier tour de l’élection présidentielle, soit 65 voix parlementaires. " Aussi, a-t-il analysé, il essaie d’entraîner des interventions au niveau du dossier de la présidentielle, ainsi que des concertations qui pourraient lui fournir ce plan B ". " C’est ça le complot contre le Liban, son intégrité territoriale et sa souveraineté ", a-t-il lancé, répondant ainsi indirectement aux accusations régulières du Hezb contre l’opposition à qui il attribue un agenda américano-israélien.

Marwan Hamadé a par ailleurs révélé que le président de la Chambre, Nabih Berry, espérait que le bloc de la Rencontre démocratique votera blanc lors de la réunion de mercredi, en précisant toutefois que le chef du PSP, Walid Joumblatt, " n’a rompu aucune promesse faite au président de la Chambre ". Une façon de dire que le leader druze n’a pas fait cette promesse à M. Berry.