Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a interpellé les députés dits du changement et les indépendants, avertissant contre les votes blancs à la séance parlementaire électorale du 14 juin, qui risquent de maintenir le blocage.

En présence de deux candidats annoncés à la présidence de la République, bénéficiant chacun d’un soutien parlementaire important, le Liban pourrait bien tourner la page du blocage, le 14 juin, date de la séance parlementaire électorale.  Mais pour cela, il faut que les indécis se gardent de voter blanc ou d’opter pour des personnalités qui n’ont aucune chance d’être élues.

C’est sur ce point que le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a insisté samedi soir, lors d’un dîner du régional des Forces libanaises dans la Békaa. " La date du 14 juin est charnière. Quiconque déposera un bulletin blanc dans l’urne, le nom d’une personnalité autre que les candidats annoncés ou des slogans, contribuera avec le camp de la Moumanaa (Amal-Hezbollah-Syrie-Iran) à maintenir le blocage de la présidentielle ", a-t-il averti.

M. Geagea a interpellé dans ce cadre les députés indépendants et ceux issus de la contestation du 17 octobre 2019, leur reprochant de " se cacher derrière différents prétextes pour ne pas avoir à assumer leurs responsabilités ". " Une fois l’entente autour de la candidature de Jihad Azour assurée, certains ont avancé des arguments bizarres, dont le rejet d’alignements communautaires. Mais toutes élections au Liban se déroulent suivant ce genre d’alignements. (…) chaque député au Parlement représente une communauté déterminée, qu’il le veuille ou pas ", a-t-il lancé, en avertissant que le vote pour des personnalités qui ne recueilleront que quelques voix, " ne fera qu’entraver l’élection d’un chef de l’État ".

M. Geagea s’est adressé au public de la contestation du 17 octobre pour lui demande d’user de pression sur les députés issus de ce mouvement pour les empêcher de " contribuer au blocage avec la Moumanaa ".

Une crise existentielle

Le chef des FL a insisté sur le fait que " la crise actuelle au Liban est loin d’être simple ". " Elle est l’expression d’une crise plus profonde, une crise existentielle. Aussi, nous ignorons à quel point nous pouvons continuer de vivre dans le cadre d’une formule qui a prouvé son échec. Nous sommes tenus de réfléchir d’une manière différente, susceptible de préserver le Liban et son peuple ", a-t-il dit, dans une allusion à une décentralisation administrative et financière élargie, évoquée régulièrement depuis quelque temps.

Si M. Geagea minimisé l’importance de l’appel répété au dialogue, lancé par le tandem Amal-Hezbollah, pour un consensus autour de la présidentielle, " c’est parce que les deux ne veulent que (le chef des Marada) Sleiman Frangié à la tête de l’État, ce que nous n’accepterons pas ".

" Nous avons adopté jusqu’au bout une attitude positive, afin de pourvoir mettre fin au blocage et nous avons réussi à créer une coalition avec les forces de l’opposition et le Courant patriotique libre, favorable à la candidature de l’ancien ministre Jihad Azour. Mais lorsque les chrétiens et l’opposition en général, se sont entendus sur un candidat, face à celui du tandem, la même rengaine a resurgi. Dans la forme, le président de la Chambre a convoqué une réunion parlementaire, mais pratiquement nous ne savons pas ce qui arrivera ", a-t-il expliqué, en soulignant qu’il ne s’attend à " rien de bon du camp de la Moumanaa qui a plongé le pays dans cette situation " de crise. " Comment d’ailleurs pouvons-nous espérer le contraire alors que tout ce qui importe à ce camp, c’est la mise en œuvre de son projet qui n’est pas dans l’intérêt du pays " ? a-t-il dit, en allusion à la mainmise de l’axe Iran-Syrie sur le Liban.