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La Haute Cour de justice à Londres a sommé, lundi 12 juin, Savaro Ltd de payer des dommages-intérêts pour les victimes de l’explosion du 4 août 2020. La société importatrice du nitrate d’ammonium qui avait explosé, ce jour-là, au port de Beyrouth, avait été déclarée responsable civilement envers les victimes, par un verdict rendu par cette même juridiction en février dernier.

La juridiction anglaise a fixé la somme de cent mille livres sterling (1 livre sterling = 1,26 dollar américain) pour chaque plaignant, en réparation du préjudice moral résultant du décès de la victime. Elle a également décidé qu’en réparation du préjudice moral et physique des personnes blessées des suites de l’explosion et en guise de couverture des frais médicaux, Savaro Ltd devrait verser un montant d’un demi-million de livres sterling pour chacune d’entre elles.

Pour confirmer la responsabilité civile de la société importatrice du nitrate d’ammonium et pour la sommer de payer les montants susmentionnés, la Haute Cour de justice s’est fondée, entre autres, sur un rapport détaillé que lui a soumis l’avocat Fadi Moghaizel, à la lumière du droit libanais.

Cette décision est le fruit d’une lutte acharnée dans laquelle se sont lancés les avocats du bureau d’accusation du barreau de Beyrouth, pro bono, au lendemain de la déflagration meurtrière qui a anéanti la capitale. Le bureau est représenté par l’ancien bâtonnier Melhem Khalaf et les avocats Nasri Diab, Chucri Haddad, Tammam Sahili et Moussa Khoury. Il collabore étroitement avec le bureau d’études Dechert LLP, représenté par l’avocat Camille Abousleiman.

Contacté par Ici Beyrouth, le professeur Nasri Diab a écarté la possibilité que Savaro Ltd interjette appel, surtout que "depuis qu’elle a reçu l’ordre, l’an dernier, de révéler l’identité de ses bénéficiaires effectifs ultimes (UBO), elle a cessé de coopérer avec la Haute Cour de justice".

On rappelle que le nom de Savaro Ltd a figuré sur le contrat d’achat du nitrate d’ammonium. La société avait agi au Liban en tant que propriétaire effectif de la cargaison. Après l’arrivée du nitrate d’ammonium au Liban, bon nombre d’actions ont été prises par Savaro Ltd et ses représentants et des demandes avaient été lancées par elle auprès de juges libanais. Après que la marchandise a été déchargée au port de Beyrouth et déplacée vers le hangar numéro 12, la société a tenté, à plusieurs reprises, de la récupérer.

Malgré les bilans vides qu’elle avait présentés lorsqu’elle était sur le point d’être liquidée, Savaro pourra-t-elle rembourser les compensations financières aux victimes et à leurs proches? Quoi qu’il en soit, une chose est sûre: alors que l’enquête libanaise sur l’explosion au port de Beyrouth est complètement bloquée en raison des multiples ingérences politiques, justice continue d’exister dans d’autres États dits de droit.