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La séance électorale parlementaire du 14 juin a été décisive, dans un sens comme dans un autre. Pour certains, le duel Azour-Frangié est à reconsidérer. Pour d’autres, il est à consolider.

Sur la stratégie qu’adoptera l’opposition dans une prochaine étape, les négociations sont en cours. Les Forces libanaises (FL), le parti Kataëb, le Courant patriotique libre (CPL) ainsi que des députés du Changement et certains indépendants ont confirmé que les rencontres et discussions vont s’intensifier dans les jours à venir, pour déterminer la position à prendre.

"Ce qui est sûr, c’est qu’une nouvelle phase commence", avance une source interrogée par Ici Beyrouth. " Même s’il est encore tôt pour l’annoncer, je pense que tout le monde a compris qu’après la séance du 14 juin, nous sommes passés à une étape où l’on ne peut plus parler de Jihad Azour", poursuit-elle, avant d’ajouter: "Concernant le chef des Marada Sleiman Frangié, il est évident que son arrivée au pouvoir est quasi-impossible. Tout se jouera au niveau de la médiation française qui ouvrira de nouvelles portes".

On rappelle dans ce contexte que les résultats de la séance électorale parlementaire de mercredi ont été tels que l’ancien ministre des Finances, en lice dans la course à la présidence et soutenu par l’opposition (FL, Kataëb, CPL, Parti socialiste progressiste, ainsi que plusieurs députés du Changement et des indépendants) a obtenu 59 voix, au premier tour. Son adversaire, Sleiman Frangié, appuyé par le tandem chiite Amal-Hezbollah, en a récolté 51.

"Ce n’est pas l’écart des 8 voix qui est significatif. Ce qu’il faut retenir de la séance du mercredi, c’est que la majorité du Parlement (les 77 députés qui n’ont pas voté pour M. Frangié) s’est opposée au camp et au projet de l’axe de la moumanaa (le Hezbollah et ses alliés), affirme le député et vice-président du parti Kataëb, Salim el-Sayegh, contacté par Ici Beyrouth. D’après lui, "cette défiance à l’égard du chef des Marada en tant que candidat de la moumanaa et la confiance qu’a accordée plus d’un tiers des députés à la candidature de M. Azour nous incite à maintenir le cap, même si le processus d’élection d’un candidat n’a pas abouti".

Pour le député FL Georges Okaïs, Jihad Azour bénéficie d’une avance sur son adversaire. "Si le processus électoral avait été respecté, nous aurions pu aboutir à l’élection d’un président", souligne-t-il, dénonçant de ce fait le retrait des députés du Hezbollah et du mouvement Amal de la séance à l’issue du premier tour, provoquant ainsi un défaut de quorum. Démarche qu’ont également critiquée conjointement les députés de l’opposition dans un communiqué publié jeudi, insistant sur l’importance de consolider leur appui à la candidature de M. Azour.

M. Okaïs a par ailleurs indiqué que les FL, avec leurs alliés du camp de l’opposition et le CPL, multiplieront les contacts pour s’entendre sur la démarche à entreprendre ultérieurement. Il a dans ce sens insisté sur l’importance de la tenue de séances parlementaires consécutives jusqu’à aboutir à l’élection d’un chef de l’État, selon les principes de la démocratie.

Contacté par Ici Beyrouth, le CPL s’est dit ouvert au dialogue. "C’est d’ailleurs la stratégie que nous avons adoptée pour parvenir à une convergence avec les députés de l’opposition", explique une source de la formation aouniste. "La prochaine étape consiste en une analyse des résultats du vote de la séance électorale du 14 juin. Ce que nous avons pu jusqu’à présent déduire, c’est que nul ne peut imposer son candidat. D’où la nécessité de s’entendre sur le programme du futur chef de l’État, loin de tout confessionnalisme", poursuit-elle. À la question de savoir si le Courant patriotique libre envisage la possibilité d’avancer le nom d’un troisième candidat, la source a répondu: "Tout dépend des autres partis. Seuls, nous ne pouvons pas le faire. Il faut savoir toutefois tirer profit des réconciliations et de l’atmosphère politique positive qui règne dans la région, sans pour autant attendre que l’extérieur décide de notre sort".

Deux événements marquants actuellement attendus

Pour le moment, Jihad Azour continuera d’être soutenu par l’opposition, tant que les deux événements marquants actuellement attendus n’auront pas donné leurs fruits. Il s’agit d’une part de la rencontre prévue vendredi entre le prince héritier d’Arabie Saoudite Mohammed Ben Salmane (MBS) et le président français Emmanuel Macron. La crise au Liban figure à l’ordre du jour de leur réunion. D’autre part, l’arrivée à Beyrouth de l’envoyé personnel pour le Liban d’Emmanuel Macron, Jean-Yves Le Drian, à la suite de son entretien avec la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna. M. Le Drian donnera des indices sur sa mission et sur les possibles solutions à l’impasse politique.

Jihad Azour figurera toujours aux premiers rangs de la course, tant que le CPL maintiendra son "adhésion" à l’opposition, adhésion qui porte uniquement sur la présidentielle, du moins pour le moment. Les échanges entre le camp aouniste et les autres composantes de l’opposition sont à suivre de près, surtout que l’entente entre eux pour la présidentielle ne tient qu’au nom d’Azour.

Dans le cas contraire, on pourrait imaginer un autre scénario, selon certains observateurs. Celui selon lequel les deux candidats en lice à la présidence sont écartés pour être remplacés par un troisième qui conviendrait à tous les "programmes" politiques. "Au-delà des noms qui sont proposés, il s’agit de voir quel "projet" politique sera adopté par le futur président: le projet iranien ou le projet selon lequel le Liban se tournerait vers l’Occident et le monde arabe?", précise un analyste local.

De la liste avancée par le patriarcat maronite, il semble que le vice-président du Parlement Élias Bou Saab mène des négociations avec le président de la Chambre Nabih Berry, en faveur du député Ibrahim Kanaan. M. Berry, lui, pencherait, selon certaines sources, vers d’autres noms dont celui de Naji Boustani.

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