Pierre Bou Assi, député des Forces libanaises, a déclaré jeudi, qu’il faut attendre les résultats de la visite de l’envoyé spécial du président français Emmanuel Macron, Jean-Yves Le Drian, avant d’apporter un jugement sur sa mission.

Dans une interview accordée à notre confrère Houna Loubnan, M. Bou Assi a expliqué que le dossier libanais a été transmis à M. Le Drian, après l’échec de l’approche adoptée initialement par la cellule diplomatique à la présidence française.

D’après lui, cette approche était entachée de plusieurs défauts : le premier est le soutien à la candidature du chef des Marada, Sleiman Frangié, alors qu’il ne détient pas la majorité des voix parlementaires. Le second est le fait que Sleiman Frangié est imposé par le Hezbollah, qui empêche toute élection tant que l’arrivée au pouvoir de son candidat n’est pas garantie. Le troisième est que cette approche avait été avancée en 2016 par la France et n’avait pas abouti. Le quatrième est la proposition se base sur l’accord de Doha, qui n’a jamais été respecté par le Hezbollah.

Et, de poursuivre : " Ces défauts reflètent une défaillance structurelle dans la précédente approche française. Dès lors, M. Le Drian, diplomate et homme politique qui a une grande expérience, repart de zéro à la recherche d’une faille dans les prises de positions, qui permettrait de faire une percée et créer un espace commun entre les parties ".

M. Bou Assi a, par ailleurs, considéré que " la mission de M. Le Drian est compliquée, d’autant plus que les Français ne prétendent pas pouvoir faire pression sur les responsables politiques ". À cela, il a ajouté : " On remercie la France pour l’intérêt qu’elle porte au Liban, mais nous savons qu’au niveau international, le Liban n’est plus une priorité. La preuve, c’est que l’affaire de l’explosion au port de Beyrouth n’est plus prise au sérieux ".

Il a, dans ce contexte, précisé que " si la France convoquait à une conférence, les Forces libanaises n’y participeraient pas, surtout que la confiance en des garanties internationales est inexistante ". Ce qui est demandé, c’est une solution interne dans le cadre constitutionnel et juridique, si le Hezbollah a de bonnes intentions, et si ce n’est pas le cas, il est inutile d’aller à Doha, Paris ou ailleurs, a-t-il ajouté.