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L’ex-président de la République Michel Aoun a tenu mercredi soir des propos aussi surréalistes qu’absurdes, lors d’une interview accordée à la chaîne aouniste OTV,  suscitant l’incrédulité des téléspectateurs.

Michel Aoun est allé jusqu’à déclarer que "s’il était aujourd’hui au pouvoir, il aurait présenté sa démission, vu les innombrables transgressions commises par la classe dirigeante", tout en affirmant n’en avoir jamais fait partie. Une aberration venant d’un ancien chef de l’État qui a vu, sous son mandat, une capitale entière et ses habitants voler en éclats et qui n’a jamais envisagé prendre cette décision lorsqu’il siégeait à Baabda. Une insulte à la mémoire des martyrs de cet atroce 4 août 2020 et à la douleur de milliers de Libanais qui commémoreront le troisième anniversaire de cette date fatidique le mois prochain.

Pour ne rien arranger, le beau-père de Gebran Bassil a également revêtu le rôle de porte-parole du président syrien, Bachar el-Assad. En effet, le fondateur du parti orange a estimé nécessaire de révéler que le fils de Hafez el-Assad lui a confié la tâche de rapporter qu’il ne soutenait aucun candidat à la présidentielle libanaise, et de préciser "être ami avec le chef de l’État syrien", qu’il n’avait "pas vu depuis quinze ans", faisant ainsi référence à sa dernière visite à Damas – un comble venant de l’ancien chef de l’armée libanaise qui se vantait de s’opposer farouchement au régime syrien il y a quelques décennies. Une chose demeure certaine, si la mémoire de Michel Aoun lui fait défaut, celle des Libanais reste et restera entière.

Se penchant sur la présidentielle, l’ancien chef des aounistes a implicitement critiqué son "allié" le Hezbollah, sans le citer. "Nous ne pouvons pas dialoguer avec ceux qui veulent nous imposer le chef des Marada à la présidence coûte que coûte". Le père du Courant patriotique libre serait donc toujours contrarié de ne pas voir son gendre accéder au palais présidentiel, omettant de mentionner, par la même occasion, qu’il était le principal responsable du blocage politique et institutionnel du pays tout au long de son sexennat.

Par ailleurs, l’ex-président a indiqué que "l’audit du cabinet Alvarez et Marsal condamne ceux qui ont pris possession du rapport préliminaire", faisant allusion au ministre sortant des Finances, Youssef Khalil, représentant du mouvement Amal au sein du gouvernement. Il a également expliqué que "le principe de l’audit avait été approuvé à l’unanimité par son cabinet", mais que "Ali Hassan Khalil, ministre des Finances de l’époque et conseiller politique du président de la Chambre, Nabih Berry, s’était rétracté par la suite, affirmant que la partie qu’il représentait n’avait pas approuvé l’audit, dans le but protéger les personnes visées par ce rapport". Il s’agit d’accusations minutieusement étudiées pour nuire au camp de Nabih Berry, son principal adversaire politique.

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