Écoutez l’article

Grâce à un financement français et à l’expertise de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), un programme de préservation et de valorisation des archives des médias publics libanais permettra bientôt au public d’accéder à des décennies d’informations historiques.

Dans les archives de l’ANI. (Photo Edward Sfeir)

Les archives des médias publics libanais, véritable trésor d’informations, restent encore largement inexploitées.

Dans le souci de préserver et de diffuser ces précieuses données, une convention a été signée en 2022 entre le ministère de l’Information, la direction de Télé-Liban, l’ambassade de France au Liban et l’Institut national de l’audiovisuel (INA).

Une convention a été signée en 2022 entre le ministère de l’Information la direction de Télé-Liban l’ambassade de France à Beyrouth et l’INA pour la sauvegarde des archives (Photo DR).

Intitulé "Sauvegarde, numérisation et valorisation du patrimoine des médias", ce projet vise à inventorier et à numériser ces archives qui couvrent plusieurs décennies de l’histoire du pays ainsi que celles de l’Agence nationale d’information (ANI) et de la Direction des études et des publications libanaises, une entité rattachée au ministère de l’Information.

Le ministre sortant de l’Information Ziad Makari se renseigne sur l’une des formations. (Photo Edward Sfeir)

Financé par la France à hauteur d’un demi-million d’euros, ce programme de vingt-quatre mois a été mis en œuvre grâce à l’expertise de l’INA. Il a été clôturé fin juin, lors d’un séminaire de deux jours qui s’est tenu à l’École supérieure des affaires (ESA). Deux thèmes ont été abordés durant ces assises ouvertes au public: "Valorisation des archives" et "Enseigner l’archive".

Un terrain encore vierge

Les médias publics, fondés au cours du siècle dernier et qui bénéficieront du tri et de la numérisation, n’ont jamais fait l’objet d’un archivage professionnel.

Télé-Liban, anciennement Télé-Orient (ouverte en 1962), est la seule chaîne de télévision généraliste publique du pays. Créée en 1977, elle diffuse des contenus en arabe, anglais et français.

Radio Liban est une station de radiodiffusion généraliste multilingue créée en 1938, anciennement connue sous le nom de Radio Orient. À partir des années 60, elle a été rebaptisée Radio Liban et travaille aujourd’hui en partenariat avec la station française RFI, qui complète ses programmes quotidiens.

L’ANI, fondée en 1961, est la source d’information officielle des autorités et des administrations libanaises.

Moins connue du grand public, la Direction des études et des publications a vu le jour en 1961 et a pour mission de documenter les relations mutuelles entre l’État, la presse et l’opinion publique.

Selon Elissar Naddaf, conseillère du ministre de l’Information pour les médias francophones, les archives de Télé-Liban ont été jusque-là numérisées à environ 20%. "Il reste encore beaucoup à faire", révèle-t-elle.

Parmi les précieuses données de cette chaîne, véritable témoin audio-visuel d’un pan de l’histoire du Liban, on compte des milliers d’heures de journaux télévisés, de feuilletons et de reportages en tout genre.

Les archives de l’ANI, quant à elles, ont été numérisées à 10%, "mais avec le vol récent des serveurs de l’agence, ces données numériques ne sont plus disponibles en version digitale mais sont toujours présentes en copies physiques". "Seules les archives de Radio Liban ont été numérisées à 90%", précise Mme Naddaf.

Les négatifs des photos de l’élection de Kamel el-Assaad à la tête du Parlement le 8 mai 1964. (Photo Edward Sfeir)

Un droit pour tous

"L’INA nous a aidés à moderniser nos archives et à définir une politique de classement pour pouvoir mieux les sauvegarder, les exploiter et en faire profiter la société", précise Elissar Naddaf.

Les équipes du ministère ainsi que celle des médias bénéficiaires ont reçu des formations et ont assisté à des ateliers de travail dispensés par des représentants de l’INA. Et pour assurer une continuité au projet, le matériel d’archivage a totalement été remplacé. "C’est maintenant à nous de poursuivre ces travaux en numérisant le reste de nos archives", explique la conseillère. "Grâce à l’aide de l’INA nous avons développé un site web qui va bientôt voir le jour et sur lequel nos archives seront consultables et téléchargeables par le public", ajoute-t-elle.

Cette coopération franco-libanaise est d’une importance capitale puisqu’elle permettra à la jeunesse libanaise d’accéder à la mémoire du pays du Cèdre, loin des biais politiques et sociaux qui façonnent, au gré des intérêts, l’histoire moderne du Liban.