Les affrontements ont repris lundi matin dans le camp de Aïn el-Héloué, entre le Fatah, mouvement du président Mahmoud Abbas, et des groupes islamistes du camp, malgré un appel à un cessez-le-feu décidé dimanche soir par des factions palestiniennes, en présence d’une délégation du mouvement Amal et de représentants du Hezbollah.

Le calme prudent observé à l’aube du lundi a été rompu par des coups de feu intermittents, qui se sont intensifiés, annonçant une nouvelle série d’affrontements, dans le plus grand camp de réfugiés palestiniens du Liban, où les institutions publiques et les écoles gouvernementales ont fermé leurs portes. Les affrontements ont déjà fait neuf tués et 40 blessés.

La circulation a été paralysée dans les routes qui entourent le camp, les véhicules et voitures ayant été contraints, par les Forces de sécurité intérieure, d’emprunter la voie maritime.

Des rescapés qui ont pris la fuite, cités par l’AFP, ont rapporté que " l’ampleur des destructions est immense ", et que la vie dans le camp est un " enfer ". Ils ont fait état des rues vides.

Après l’échec de tous les contacts et efforts des forces palestiniennes et libanaises pour cessez-le-feu, le député Oussama Saad tiendra une réunion dans son bureau lundi avec des représentants des forces palestiniennes et des partis libanais pour discuter des moyens d’arrêter les combats et de ramener l’ordre. L’ambassadeur de Palestine à Beyrouth, Achraf Dabbour, prendra part à ces concertations, après s’être rendu, à l’aube, à l’hôpital Al-Hamchari où se trouvent les blessés.

Le commandant de la lutte armée palestinienne au Liban, Mounir Maqdah, ainsi que le secrétaire général de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), Fathi Abou Al-Ardat, ont également poursuivi leurs efforts pour obtenir un cessez-le-feu immédiat et livrer les auteurs du crime.

L’armée libanaise, qui, en vertu d’un accord de longue date, ne pénètre pas dans les camps palestiniens où la sécurité est assurée par des factions palestiniennes, s’est mobilisée pour renforcer toutes ses positions et points de contrôle qui entourent le camp de toutes parts. Elle a fermé les entrées de la ville de Saida et envoyé un drone qui a survolé la zone pendant des heures, après avoir indiqué sur Twitter, rebaptisé " X ", qu’un de ses soldats avait été blessé par des éclats d’ " obus de mortier tombé dans un des postes militaires ". L’armée a mis en garde contre le danger auquel sont exposés les militaires, précisant qu’elle ripostera aux tirs dont elle est la cible.

On rappelle que les incidents à Aïn el-Héloué ont éclaté après qu’un responsable militaire du Fatah, principale organisation palestinienne et quatre de ses " camarades " ont été tués samedi. Dans un communiqué dimanche après-midi, le Fatah a confirmé la mort du commandant Achraf al-Armouchi et de quatre de ses camarades, lors d’une " opération odieuse ", dénonçant un " crime abominable et lâche " visant à saper " la sécurité et la stabilité " des camps.

Mikati

De son côté, le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a estimé que la date à laquelle sont survenus ces affrontements était " suspecte dans le contexte régional et international actuel ", critiquant des " tentatives répétées d’utiliser le Liban " comme terrain d’affrontement " pour régler des comptes extérieurs aux dépens du Liban et des Libanais ".

" Nous appelons les dirigeants palestiniens à coopérer avec l’armée pour contrôler la situation sécuritaire et remettre aux autorités libanaises ceux qui compromettent la sécurité ", a-t-il ajouté, dans un communiqué de son bureau.

La présidence palestinienne a dénoncé dans un communiqué le " massacre odieux et l’assassinat terroriste " des membres du Fatah. " Il s’agit d’une violation de toutes les lignes rouges et cela porte atteinte à la sécurité au Liban ", ajoute le communiqué.

Des affrontements entre groupes rivaux ont souvent lieu à Aïn el-Héloué où vivent 54.000 réfugiés palestiniens, auxquels s’ajoutent des milliers d’autres Palestiniens ayant fui la guerre en Syrie.

Selon l’Unrwa, plus de 450.000 Palestiniens sont enregistrés en tant que réfugiés au Liban auprès de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).