Deux jours avant la troisième commémoration de l’abominable explosion du port de Beyrouth, l’OTV a publié, sur son site internet, une vidéo aussi répugnante que scandaleuse. Celle de l’ex-président de la République, Michel Aoun, et de son fameux gendre et chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, trinquant, rigolant et entonnant le refrain de la célèbre chanson de Fayrouz, 3a Esmak Ghanneit ("Je chante en ton nom"), lors d’un dîner festif à Batroun mardi soir.

Bi Majdak Hatamayt ("Je suis protégée par ta gloire") dit la chanson à propos du Liban, qui a perdu toute sa gloire sous le mandat de Michel Aoun – le pire que le pays ait connu. Une scène d’une indécence sans nom, une insulte à la mémoire des victimes, alors que de nombreux Libanais sont encore en deuil et ne parviennent pas à surmonter les horreurs dont ils ont été témoins. Ce "président" qui, comme d’autres, était au courant de la présence du nitrate d’ammonium au port, et qui n’a absolument rien fait le 4 août à part se désoler et répéter que c’était "trop tard". Un chef d’État qui, mains dans les poches, s’est contenté d’observer de loin l’étendue des dégâts, et qui avait promis une enquête administrative dans un délai de cinq jours. Il n’a rien fait d’autre que protéger ses hommes face à la justice. Michel Aoun, qui se vantait d’être le sauveur de la République, le père de tous, le garant du mandat fort, dont le parcours politique et militaire n’a généré que destruction, et dont le sexennat n’a été ponctué que par des tragédies et des catastrophes, demeure complètement déconnecté d’une réalité éprouvante dont il a été la cause. Ce même homme, qui se permet de donner des leçons en politique et de vanter les mérites de ses soi-disant prouesses stratégiques, a vu, sous son mandat, une capitale entière et ses habitants voler en éclats sans ciller.

Son gendre, quant à lui, tente inlassablement de se donner des airs de grand manitou, lui qui est totalement marginalisé et méprisé par une grande partie des Libanais et de la classe politique. C’est un homme qui est prêt à tout pour arriver à ses fins. Gebran Bassil a usé et continue d’user de tous les moyens possibles et imaginables pour bloquer les institutions, empêcher la formation d’un gouvernement et torpiller l’élection présidentielle, sans oublier ses interférences dans la justice libanaise. Gebran Bassil qui, même sous sanctions américaines, prétend détenir les clés du pouvoir et bientôt celles de Baabda.

Messieurs Aoun et Bassil, cette vidéo est honteuse, humiliante, dégoûtante et vulgaire. Si votre mémoire vous fait défaut, celle des Libanais reste et restera entière.