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Le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, a reconnu mardi, dans une conférence de presse qu’il a tenue au terme de la réunion hebdomadaire du bureau politique du CPL, qu’il était en plein marchandage avec le Hezbollah autour de la présidentielle – dans le même esprit de l’accord de Mar Mikhaël. Un marchandage qui pourrait le pousser, s’il obtient satisfaction de ses demandes, à lâcher l’opposition qui soutient la candidature de l’ancien ministre Jihad Azour, devenu son propre candidat le 4 juin, pour soutenir peut-être celle du chef des Marada, Sleiman Frangié, qu’il s’était pourtant juré de ne pas laisser accéder à Baabda. Il a d’ailleurs fait état d’une possibilité de "faciliter l’élection d’un candidat en contrepartie de revendications nationales", car, jusque-là, le Hezbollah ne fait que multiplier les signes selon lesquels il n’est pas question pour lui de renoncer à Sleiman Frangié.

Ce que Gebran Bassil souhaite obtenir en échange de son appui éventuel à M. Frangié, c’est un programme présidentiel bien précis (qui lierait donc à l’avance le futur président), une décentralisation administrative et fiscale élargie, la création d’un fonds fiduciaire "qui déterminerait les fonds et les biens de l’État, attirerait les investissements et serait la propriété de l’État". Entre autres revendications non annoncées, un train de nominations. Tout un paquet à travers lequel il espère surtout pouvoir garder le titre d’homme fort du prochain mandat, mais qui le laisse à la merci du Hezbollah et qu’il a essayé d’enjoliver. "La reprise de contact avec le Hezb ne peut pas être considérée comme un recul, un revirement, une concession ou un marché, s’est-il ainsi défendu. Il s’agit d’une action politique. Ce dont on discute sert les intérêts de tous les Libanais et non pas le CPL", a-t-il poursuivi, reprenant ainsi, dans le fond, la même explication qui avait été avancée en 2006 par le fondateur du CPL, Michel Aoun, pour justifier l’accord de Mar Mikhaël.

Il a fait état d’un accord "préliminaire avec le Hezb sur un processus", tout en relevant que le dialogue avec la formation pro-iranienne est à ses débuts. "Nous leur avons proposé des idées et nous attendons leur réponse", a-t-il ajouté.

Pour lui, toutes les options restent ouvertes: Sleiman Frangié en échange de ses revendications, sinon une entente autour d’un candidat consensuel.

Le chef du CPL a ainsi plaidé pour une entente "sans laquelle il sera impossible d’élire un président". Celle-ci porterait surtout, selon lui, sur un programme présidentiel. Appelant à un dialogue interlibanais, "limité dans le temps et portant sur un agenda précis", il a révélé avoir tenu une réunion récente avec des figures de l’opposition avec laquelle il s’est retrouvé autour de la candidature de M. Azour, pour discuter de l’échéance présidentielle.

Gebran Bassil a par ailleurs critiqué la réunion ministérielle de Dimane et a annoncé des élections à la tête du CPL le 10 septembre prochain. Les candidatures seront ouvertes à partir du 10 août, a-t-il dit, en invitant "ceux qui contestent l’action de la direction du parti à présenter leur candidature".