Rien ne va plus au Liban. Alors que le pays s’étiole dans l’indifférence générale des autorités concernées, que des personnalités impliquées dans l’explosion du 4 août 2020 poursuivent leur vie normalement sans être gênées, l’appareil judiciaire n’a qu’un seul souci: museler la liberté d’expression.

Mardi, c’était au tour de Nour Hajjar, humoriste à Awk.word Comedy Club, d’être arrêté, à la demande du procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, pendant quelques heures, avant d’être relâché peu après 20 heures, sous caution d’élection de domicile. En cause: une vidéo qui remonte à… cinq ans, dans laquelle il critique l’attitude de sa mère lors d’une visite de condoléances.

Tout a commencé vendredi lorsque Nour Hajjar a été convoqué par la police militaire pour un interrogatoire qui a duré plus de neuf heures, après avoir diffusé, il y a plusieurs mois, un sketch dans lequel il évoque les difficultés financières auxquelles sont confrontés les militaires. Lundi, c’était au tour des directeurs de Awk.word d’être entendus par la police militaire.

Mardi matin, Nour Hajjar s’était rendu au siège de la police militaire à Rihaniyé, accompagné de son avocate, Diala Chéhadé, pour signer la caution d’élection de domicile, à la suite de l’interrogatoire de vendredi. Au lieu de rentrer chez lui, il a été conduit au Palais de justice, sans que son avocate ne soit informée, où Ghassan Oueidate lui a subi un interrogatoire avant d’ordonner son arrestation. Et ce, à la suite de la plainte déposée mardi matin par Dar el-Fatwa contre l’humoriste, l’accusant de "menacer la paix civile". En cause, cette vidéo qui date de cinq ans et qui a été fragmentée.