Le commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, a effectué jeudi une tournée d’inspection à la caserne de la première brigade à Saïda pour s’enquérir des développements, au sein de la ville et de ses environs, dans le sillage des affrontements à Aïn el-Héloué. Depuis jeudi dernier, de violents combats se poursuivent de manière intermittente dans le camp entre des groupuscules islamistes proches de l’Iran et le Fateh, principale composante de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), dirigée par le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, faisant à ce jour quinze morts et plus de 150 blessés.

Un calme précaire régnait jeudi vers midi à Aïn el-Héloué, après une nuit marquée par de violents accrochages aux armes automatiques et aux obus de mortier, en dépit d’une réunion tenue la veille entre le vice-président du Hamas, Moussa Abou Marzouk, en visite au Liban, et des délégations du Fateh, au cours de laquelle les deux formations se sont mises d’accord sur plusieurs éléments susceptibles d’aboutir à un apaisement des tensions. Des fusées éclairantes ont également été utilisées, pour la première fois, dans la nuit de mercredi à jeudi.

À la suite de ces échanges de tirs, des balles perdues et des éclats d’obus se sont abattus sur les quartiers limitrophes de Saïda, atteignant même l’autoroute qui relie la ville au Liban-Sud, qui a été de ce fait fermée à la circulation, pendant quelques heures. Les balles perdues ont également percé la façade en verre de l’appartement de Maarouf Oussama Saad et ont atteint les murs intérieurs. Les éclats d’obus ont par ailleurs causé des dégâts dans les bureaux de la Chambre de commerce de Saïda, l’école Al-Ammaniya, ainsi que plusieurs immeubles et commerces de la ville. Des incendies se sont déclarés dans les maisons situées dans l’axe des affrontements. Les habitants des zones de combat ont pris le chemin de l’exode pour se réfugier à Saïda.

Joseph Aoun écoute les explications sur le déroulement des combats à Aïn el-Héloué. Photo tirée du site Web de l’armée

Par ailleurs, Moussa Abou Marzouk, arrivé mardi à Beyrouth, a été reçu jeudi par le secrétaire général du Jihad islamique en Palestine, Ziad Nakhalé. Dans un communiqué conjoint, les deux parties ont qualifié de "dangereux" les combats dans le camp palestinien de Aïn el-Héloué, affirmant qu’ils "servent" l’État hébreu. Elles ont également appelé les parties en conflit à mettre fin aux combats, demandant aux "organisations palestiniennes de lever le voile sur les personnes impliquées dans ces combats" et de les "remettre à la justice libanaise".

Dans l’après-midi, M. Abou Marzouk a été reçu par le président du Parlement, Nabih Berry. Les discussions ont notamment porté sur les différents moyens susceptibles de mettre fin aux affrontements dans le camp. Dénonçant les combats entre les factions palestiniennes, M. Abou Marzouk a insisté sur "l’importance du dialogue et de l’entente". "Nous sommes confiants" que M. Berry pourra mettre fin à "cette mascarade", a-t-il ajouté. "Il faut instaurer un cessez-le-feu et mettre un terme à la militarisation à l’intérieur des camps", a-t-il renchéri.

"Nous nous sommes engagés auprès de M. Berry de déployer les efforts nécessaires pour assurer la sécurité, comme pour remettre les suspects (dans l’attentat du 30 juillet dernier contre Achraf al-Armouchi, responsable du Fateh, et ses quatre gardes du corps) à la justice", a affirmé M. Abou Marzouk.

Parmi les visiteurs de M. Berry, figure également Azzam Ahmad, membre de l’OLP, qui a affirmé à l’issue de la rencontre que "le camp de Aïn el-Héloué fait l’objet d’un complot".

De son côté, Oussama Saad, député de Saïda, tiendra une réunion vendredi, en son domicile, en vue de prendre une position unifiée concernant les affrontements à Aïn el-Héloué.