Le patriarche maronite, Béchara Raï, a estimé mardi que "rien ne justifie qu’un président de la République n’est pas été élu depuis septembre dernier, comme le prévoit l’article 73 de la Constitution". C’est dans ce sens qu’il a réitéré son appel au Parlement pour la "tenue de séances électorales successives", conformément à la Constitution, mettant en garde contre un défaut de quorum.

Mgr Raï, qui effectue depuis vendredi soir une visite pastorale en Australie, qui englobe Sydney et Melbourne, a affirmé à cet égard que Bkerké ne nommera pas un candidat, puisque cela est "antidémocratique" et va à l’encontre des "fonctions du Parlement". "En coulisses, on évoque la nécessité de trouver un troisième candidat, a poursuivi le patriarche lors d’une conférence tenue à l’éparchie Saint Maron de Sydney. "Nous refusons cette option, a-t-il ajouté. Pour préserver la dignité des candidats (Sleiman) Frangié et (Jihad) Azour et par respect pour ceux qui les soutiennent, les élections doivent avoir lieu à l’issue d’une séance ouverte avec des tours successifs et que le meilleur gagne. Si aucun des deux candidats en lice n’obtient la majorité des voix nécessaires à son élection, en raison du gaspillage des votes, c’est à ce moment-là que le dialogue peut avoir lieu et que des concertations sur le nom d’un troisième candidat peuvent être menées."

À cet égard, Mgr Raï a affirmé qu’il ne s’est jamais prononcé en faveur du dialogue auquel appelle le chef du Parlement Nabih Berry. "J’ai toujours dit, bien avant l’invitation de M. Berry, que le dialogue est dans le vote au Parlement, a-t-il martelé. Le dialogue, c’est l’élection (d’un président). L’entente l’est aussi. Je n’ai pas dit que j’étais en faveur du dialogue. J’ai dit que le dialogue se fait après que les différentes parties se soient entendues à ce sujet. Le Parlement est aujourd’hui un collège électoral. C’est par le biais des élections, qu’ils peuvent dialoguer."

Conférence internationale

Mgr Raï a en outre réitéré son appel à une conférence internationale spéciale sur le Liban "pour l’application de l’accord de Taëf", ainsi que des résolutions 1559 (qui appelle au respect de la souveraineté et de l’indépendance politique du Liban), 1680 (relative à la délimitation des frontières entre le Liban et la Syrie et à l’établissement des relations diplomatiques) et 1701 (qui a mis fin au conflit entre Israël et le Liban en 2006) du Conseil de sécurité des Nations unies.

Mgr Raï s’est par ailleurs penché sur le dossier des déplacés syriens, estimant que ce flux représente "le plus grand danger économique, sécuritaire, culturel, politique et démographique pour le Liban". Cela, alors que "la communauté internationale refuse d’écouter les revendications du Liban".

"Il s’agit d’une position politique qui a pour objectif de faire sauter le régime en Syrie, a constaté Mgr Raï. C’est la raison pour laquelle l’Union européenne refuse d’aider les déplacés en Syrie et insiste à le faire au Liban. De ce fait, le Liban en paie seul le prix." Et d’insister: "Il faut convaincre la communauté internationale que le Liban ne peut plus supporter ce lourd fardeau. Ce n’est pas ainsi qu’on remercie le Liban pour avoir accueilli les déplacés, en tant qu’acte humanitaire."